Le mythe de la "perception sans objet" : l'hallucination au croisement de la philosophie et de la psychiatrie
Auteur / Autrice : | Mathieu Frèrejouan du Saint |
Direction : | Jocelyn Benoist |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 28/11/2019 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Philosophie (Paris ; 1998-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut des sciences juridique et philosophique de la Sorbonne (Paris ; 2015-....) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-François Braunstein |
Examinateurs / Examinatrices : Jocelyn Benoist, Jean-François Braunstein, Jérôme Dokic, Valérie Aucouturier, Alain Ehrenberg | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Jérôme Dokic, Valérie Aucouturier |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Il est courant, en philosophie comme en psychiatrie, de définir l’hallucination comme une expérience qui serait semblable à une perception, mais en l’absence de tout objet perçu. Notre propos sera de montrer que toute définition de l’hallucination comme « perception sans objet », et plus généralement toute tentative de décrire l’hallucination et la perception à partir de normes communes, relève du mythe. Pour ce faire, nous commençons par proposer une genèse decette définition, qui a non seulement été forgée par les aliénistes au début du XIXᵉ siècle, et plus particulièrement par Esquirol et ses élèves, mais a aussi directement participé à l’avènement de la psychiatrie. Quittant l’approche historique pour une approche conceptuelle nous montrons ensuite, en croisant la pensée du psychiatre Henri Ey avec celle du philosophe Ludwig Wittgenstein, comment ce mythe de la « perception sans objet » repose sur la tentation d’occulter toute différence entre le normal et le pathologique. Une fois ce point mis en évidence, nous tenterons enfin de comprendre comment les gestes et les paroles de l’halluciné peuvent, tout à la fois, sembler en surface conformes à la grammaire de la perception, tout en s’en écartant. Car c’est sur cette proximité apparente entre l’usage que fait l’halluciné des énoncés de perception et nos propres usages ordinaires que repose le mythe de la « perception sans objet".