Thèse soutenue

Obsolescences : philosophie des techniques et histoire économique à l'épreuve de la réduction de la durée de vie des objets

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Auteur / Autrice : Jeanne Guien
Direction : Bernadette Bensaude-Vincent
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 04/04/2019
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Philosophie (Paris ; 1998-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre d'étude des techniques, des connaissances et des pratiques (Paris ; 1989-....)
Laboratoire : Centre d'étude des techniques, des connaissances et des pratiques (Paris ; 1989-....)
Jury : Président / Présidente : Cyrille Harpet
Examinateurs / Examinatrices : Bernadette Bensaude-Vincent, Cyrille Harpet, Fabrice Flipo, Sophie Dubuisson-Quellier, Céline Rosselin
Rapporteurs / Rapporteuses : Fabrice Flipo

Résumé

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La notion d’obsolescence met en jeu notre rapport aux objets et à l’action, nos représentations de l’histoire et du temps. Elle questionne le devenir des techniques, la négativité à l’œuvre dans l’histoire des pratiques. C’est une notion controversée, dont les enjeux sociaux, économiques et écologiques font débat. La controverse actuelle, focalisée sur la notion d’ «obsolescence programmée», tend cependant à réduire l’obsolescence à une pratique dissimulée, sur la base de discours postulant toute sorte de déterminismes historiques. Cette thèse propose d’élargir la réflexion à l’ensemble des produits éphémères et des notions qui les désignent, afin d’étudier l’histoire de leur mise en marché et en discours. Par une enquête historique et philosophique, on montre que la réduction de la durée de vie des objets est depuis deux siècles une pratique courante qui a fait l’objet de théorisations publiques, tantôt critiques, tantôt apologétiques, en Europe et aux États-Unis. L’obsolescence, mise en récit, est traitée tantôt comme une conséquence de l’activité humaine, tantôt comme une loi de l’économie, de la nature ou de l’histoire. Critiquant cette approche, comme celle qui réduit l’obsolescence à un vice caché, cette thèse étudie des objets officiellement conçus, vendus et achetés pour leur durée de vie limitée — les produits jetables — et montre comment la jetabilité a été construite comme une propriété distinctive et valorisante de produits fort divers, et fort utilisés. À partir du cas du gobelet jetable, on analyse la réduction de la durée de vie des objets comme limitation de leur présence au monde, occultation de leur réalité économique, matérielle et environnementale.