Le marché français du livre d’économie (1945-2015) : contribution à une histoire sociale des idées économiques
Auteur / Autrice : | Jean-Michel Chahsiche |
Direction : | Frédérique Matonti |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 03/10/2019 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de science politique (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre européen de sociologie et de science politique (Paris ; 2010-....) |
Jury : | Président / Présidente : Gisèle Sapiro |
Examinateurs / Examinatrices : Frédérique Matonti, Frédéric Lebaron, Mathieu Hauchecorne |
Mots clés
Résumé
Qu’apprend-on en étudiant les idées économiques au prisme de leur « mise en livre » ? On prend le pari dans cette thèse que les idées économiques sont, au moins partiellement, élaborées dans le cadre d’industries culturelles ayant leur logique propre : l’économie est représentée dans des livres, dans des articles scientifiques et de presse, mais aussi dans des films documentaires, des bandes-dessinées, ou encore des œuvres d’art… autant de formats porteurs d’effets sur la production et la consommation des idées économiques. Ce pari a été décliné en trois pistes de recherche. Premièrement, l’étude du marché du livre d’économie depuis 1945 permet d’aborder la production et la consommation des idées économiques comme des pratiques culturelles à forte valeur distinctive, centrale dans la revendication de la « compétence économique» et dans les stratégies individuelles ou collectives de renforcement des positions occupées dans différents espaces, comme l’enseignement supérieur, l’entreprise, l’administration, ou dans le champ politique. Ensuite, en nous focalisant sur les «intermédiaires», ici les éditeurs, on montre qu’il n’y a pas de relation automatique entre offre et demande d’idées économiques : en travaillant à cette mise en relation, les éditeurs participent à la désignation des producteurs et des consommateurs légitimes des idées économiques et dans le même temps, dans la fabrication des biens échangés. On montre notamment que les éditeurs contribuent à faire de l’économie un savoir de «cadres», participant en ce sens à l’affirmation de ce groupe social. Enfin, l’entrée par le marché déplace le regard par rapport aux approches académico-centrées qui assimilent histoire des idées économiques et histoire de la science économique. L’espace des auteurs de livres d’économie apparaît en ce sens comme multi-professionnels et irréductible aux seuls producteurs académiques. Dans son ensemble, cette thèse amorce l’étude historique d’une «culture économique», qui, en se constituant contre les «idéologies», c’est-à-dire les croyances infondées et profanes, constitue un puissant instrument de légitimation ou de contestation de l’ordre social.