Thèse soutenue

Formes recombinantes inter-groupes M et O du VIH-1 : Etude de leur potentiel réplicatif et de leur émergence in vitro/in vivo

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Auteur / Autrice : Alice Moisan
Direction : Jean-Christophe Plantier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Aspects moleculaires et cellulaires de la biologie
Date : Soutenance le 18/12/2019
Etablissement(s) : Normandie
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Normande de biologie intégrative, santé, environnement (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime)
Partenaire(s) de recherche : Etablissement de préparation de la thèse : Université de Rouen Normandie (1966-....)
Laboratoire : Groupe de recherche sur l'adaptation microbienne (Rouen ; Caen ; 1998-2021)
Jury : Président / Présidente : Denys Brand
Examinateurs / Examinatrices : Matteo Negroni
Rapporteurs / Rapporteuses : Marie-Laure Chaix Baudier, Pierre Roques

Résumé

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Les VIH-1 sont caractérisés par une forte diversité génétique et la recombinaison génétique constitue un facteur important de leur évolution. Malgré leur grande divergence génétique, les VIH-1 groupe M, pandémique, et groupe O, endémique au Cameroun, peuvent générer des formes recombinantes intergroupes MO. La description actuellement de 19 formes recombinantes VIH-1/MO (URF_MO), dont 10 au cours de ces dix dernières années, pose la question d’un éventuel avantage conféré par la recombinaison et des modalités de leur émergence. Les objectifs de ce travail étaient donc d’étudier le potentiel réplicatif ainsi que l’émergence in vitro et in vivo de formes recombinantes VIH-1/MO. Le potentiel réplicatif a été étudié sur la base d’un profil simple de recombinaison [Ogag/pol-Menv], avec un point de cassure dans Vpr, du fait de l’observation d’un point chaud de recombinaison dans cette région. Après de multiples essais pour construire un clone moléculaire infectieux chimérique (CMIC) à partir de clones moléculaires infectieux parentaux de VIH-1/M sous-type B et de VIH-1/O sous-groupe T, un CMIC pVIH-1/OM a été synthétisé et a permis la génération de virus recombinants par transfection puis co-culture. Un stock a été généré afin de comparer son potentiel réplicatif par rapport à celui des souches parentales VIH-1/M et VIH-1/O. Deux marqueurs ont été suivis dans les surnageants de culture : l’activité de la Transcriptase Inverse (TI) et la quantité d’Ag P24. Les résultats ont mis en évidence une supériorité de la souche parentale de groupe M par rapport à celle de groupe O pour les deux marqueurs. En revanche, pour la souche recombinante VIH-1/OM, les données d’activité de la TI ne se superposaient pas à celle de la quantité d’AgP24, suggérant un comportement hybride du recombinant, en termes d’activité enzymatique et de production d’AgP24. In vitro, les modalités d’émergence ont été appréhendées par l’étude de la génération de points de cassure au sein des LTRs initialement différents du recombinant VIH-1/OM généré et dans lesquels un évènement de recombinaison devait avoir lieu pour les rendre identiques. La cinétique d’émergence et les profils de recombinaison ont été analysés par la méthode SGA, afin de caractériser les quasi-espèces ARN et ADN. Nos résultats ont mis en évidence une localisation préférentielle de la recombinaison dans la région R des LTRs, avec trois motifs majoritaires de recombinaison (506-513pb, 513-522pb et 523-547pb), dont le second prédominait en fin de culture. Notre modèle expérimental a été validé en comparant ces résultats aux données in vivo des URF_MO décrites. D’autres motifs de recombinaison ont été observés in vivo, suggérant qu’il n’existe pas de motif et de mécanisme uniques de recombinaison. In vivo, nous avons eu l’opportunité de décrire un cas de recombinaison MO, révélant une double infection VIH-1/M+O non diagnostiquée, chez une patiente présentant des résultats de génotypage de résistance discordants par rapport à ses antériorités VIH-1/M. Ce travail a permis de caractériser la dynamique de réplication des populations virales VIH-1/M et VIH-1/O avant recombinaison, puis celle du recombinant VIH1/MO. Le suivi immuno-virologique de la patiente a permis de dater l’émergence de cette forme recombinante, probablement favorisée par les dysobservances thérapeutiques et la succession d’échecs virologiques. Ce cas souligne la difficulté de prise en charge de telles situations, et, en particulier, la nécessité de traitements antirétroviraux actifs sur les trois populations virales. En conclusion, nos résultats apportent de nouveaux éléments de compréhension du phénomène de recombinaison entre VIH et nous offrent de nombreuses perspectives de travail.