Thèse soutenue

Etude de profils en adduits à l'ADN comme biomarqueurs potentiels d'exposition aux polluants aériens en milieu urbain dans une approche de type adductomique

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Auteur / Autrice : Helena Alamil
Direction : Raphaël DelépéeZeina Dagher
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la vie et de la santé
Date : Soutenance le 23/10/2019
Etablissement(s) : Normandie en cotutelle avec Université Libanaise
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Normande de biologie intégrative, santé, environnement (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de Caen Normandie (1971-....)
Laboratoire : Aliments bioprocédés toxicologie environnements (Caen ; 2012-....)
Jury : Président / Présidente : Joseph Saab
Examinateurs / Examinatrices : Raphaël Delépée, Zeina Dagher, Pauline Poinot, Saadia Kerdine-Römer, Pascale Salameh, Dominique Courcot, Mathilde Lechevrel
Rapporteurs / Rapporteuses : Pauline Poinot, Saadia Kerdine-Römer

Résumé

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De nombreuses études dans la seconde moitié du 20ème siècle, ont mis en évidence que des génotoxiques cancérogènes réagissent avec l'ADN pour former par liaison covalente des adduits qui sont impliqués dans le processus cancérigène. Bien qu’il existe des preuves convaincantes de la présence de multiples adduits à l'ADN dans les poumons de sujets exposés au tabagisme ou en milieu professionnel à un aldéhyde donné, il est évident que c'est un domaine dans lequel des recherches supplémentaires ont été nécessaires. L’objectif de ce travail de thèse est d’établir des profils d’adduits exocycliques à l'ADN induits par le mélange d’aldéhydes, qui pourraient à terme être considérés comme un marqueur génotoxique de l’exposition aux aldéhydes, tant endogène qu’environnemental. Pour cette raison, nous avons validé une méthode en UHPLC-MS/MS rapide, sensible et précise en utilisant la dilution isotopique, pour la quantification à l’état de trace de 9 adduits exocycliques à l’ADN dérivés de 8 principaux aldéhydes exogènes et endogènes, notamment le formaldéhyde, l’acétaldéhyde, l’acroléine, le crotonaldéhyde, le malondialdéhyde, le 4-hydroxy-2-nonénal, le glyoxal et le méthylglyoxal. Ces adduits ont été synthétisés et purifiés ainsi que leurs homologues marqués au 13C10, 15N5, identifiés et quantifiés par le biais des courbes d'étalonnage allant de 0,25 à 250 ng/mL d'adduits dans l'eau et l'ADN afin de décrire les effets matrice. Des échantillons de contrôle qualité ont été préparés et analysés afin de vérifier l'exactitude et la précision de la méthode dans des situations de répétabilité et de fidélité intermédiaire. L'absence de contamination croisée a également été démontrée. La méthode est capable de différencier les 9 analytes d'intérêt et leurs étalons internes en utilisant pour chaque analyte une transition de quantification et une seconde de confirmation. Cette méthode a été validée selon les recommandations de l'Agence Européenne des Médicaments concernant les méthodes bioanalytiques. Elle répond à tous les critères essentiels pour garantir l'acceptabilité des performances et la fiabilité des résultats d'analyse. Cette méthode est la toute première validée et peut être utilisée en adductomique dans le cadre d'études sur l'exposome. En plus, nous avons simultanément mesuré par une approche in vitro les 9 adduits exocycliques dans de l’ADN de thymus de veau exposé à de différentes concentrations de chaque aldéhyde seul ou en mélanges équimolaires. Cette approche nous a permis d’établir des relations dose-dépendantes pour tous les aldéhydes à l’exception du malondialdéhyde et du méthylglyoxal. Une relation dose-réponse a également été observée avec les mélanges équimolaires d’aldéhydes. Elle a permis de définir des réactivités différentes des aldéhydes en mélange vis-à-vis de l’ADN. Les profils de ces adduits exocycliques ont été également déterminés dans l'ADN de sang de fumeurs et de non-fumeurs. La fumée de cigarette contient plusieurs aldéhydes connus de se lier par covalence aux bases de l’ADN, ainsi l’adduit à l’ADN peut être considéré comme biomarqueur d’exposition au tabac. Des différences significatives dans les niveaux d’adduits ont été obtenues entre l’ADN des fumeurs et celui des non-fumeurs à l’exception de l’adduit induit par le malondialdéhyde. Des corrélations ont été établies entre chaque adduit et les marqueurs de la consommation tabagique sans aucune corrélation significative de la totalité des adduits avec un marqueur spécifique. Par ailleurs, nous avons montré que l’exposition au formaldéhyde, au butanal et au benzaldéhyde a eu un effet sur les concentrations du MDA urinaire mesurées chez les policiers libanais stationnés au carrefour pendant 7 h par jour et après exposition de 5 jours aux émissions du trafic routier. Une augmentation du MDA plasmatique a été décrite ; les années de travail avaient une incidence sur les concentrations de ce biomarqueur.