Thèse soutenue

In confinio Abrincatensis regionis : l'aristocratie des espaces frontaliers du IXe au milieu du XIIe siècle

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Auteur / Autrice : Claude Groud-Cordray
Direction : Véronique Gazeau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire, histoire de l'art et archéologie
Date : Soutenance le 19/12/2019
Etablissement(s) : Normandie
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Normandie Humanités (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de Caen Normandie (1971-....)
Laboratoire : Centre Michel de Boüard - Centre de recherches archéologiques et historiques anciennes et médiévales (Caen ; 1959-....)
Jury : Président / Présidente : Daniel Pichot
Examinateurs / Examinatrices : Véronique Gazeau, Daniel Pichot, Chantal Senséby, Josiane Barbier, Pierre Bauduin, Daniel Power
Rapporteurs / Rapporteuses : Daniel Pichot, Chantal Senséby

Résumé

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L’Avranchin occupe au sein du duché de Normandie une position frontalière, partageant ses confins occidentaux avec la Bretagne, le Maine et la seigneurie de Bellême. Territoire envisagé à la fois comme interface, périphérie et interstice, c’est également un espace vécu, résultat d’une dynamique propre, animée par les sociétés qui l’habitent. À travers son rapport au pouvoir et ses ambitions locales, le groupe aristocratique, dont la formation résulte d’un processus complexe et ancien, constitue une composante essentielle de l’identité frontalière.Loin d’être une région désertique, l’Avranchin présente au IXe siècle une organisation politique et sociale dans laquelle les familles aristocratiques s’intègrent. Cette société, dont on ignore le caractère endogène ou exogène, apparaît comme le produit manifeste du regnum neustrien. Elle se révèle notamment par le prisme des anciennes circonscriptions administratives, l’action royale ou encore le rôle des évêques et des ermites. Affectées par les profondes transformations du royaume carolingien, les familles aristocratiques sont touchées par l’influence des puissants groupes familiaux des Rorgonides puis des Robertiens, dont la stratégie de domination de l’espace se fait ressentir jusque dans l’Avranchin. La poussée bretonne du milieu du IXe siècle et la domination politique des comtes de Rennes accentuent le caractère composite et multiscalaire de cette société.Lorsque les ducs de Normandie, puis les comtes de Mortain, étendent leur autorité sur l’Avranchin au cours du XIe siècle, le groupe aristocratique présente une certaine forme de continuité. La mise en place d’un espace institutionnel résulte d’une construction habile, parfois fruit d’une politique d’accommodation et de compromis, et s’appuie sur des familles extérieures au territoire ou anciennement implantées dans l’Avranchin. Celles-ci façonnent leur pouvoir autour de nouvelles logiques et de nouvelles fidélités, induites par le contrôle ducal ou comtal, la détention d’offices administratifs ou la garde de forteresses. Elles ordonnent également leurs territoires suivant leurs propres dynamiques, parfois autour d’une fondation prieurale ou d’une fortification. Réseaux de relations élargis et de vassalité, cercles familiaux ou de voisinage montrent que les horizons de cette aristocratie ne s’arrêtent pas aux limite de ses possessions, ni à celles à l’Avranchin.Bien que n’ayant jamais engendré de vastes honneurs ou de grandes entités seigneuriales, les familles aristocratiques jouent un rôle essentiel le long des frontières. Parfois en appui de l’autorité ducale, mais bien souvent suivant leurs propres intérêts et au-delà de la maîtrise politique de la frontière, elles influent grandement sur les fluctuations du pouvoir dans les espaces périphériques de l’Avranchin où leurs interventions prennent diverses formes. La fondation de l’abbaye de Savigny en 1112-1113 éclaire cette société complexe, fortement marquée par les réseaux d’influence et d’alliance, où espace vécu et géographie des pouvoirs des familles aristocratiques façonnent l’espace frontalier.