Thèse soutenue

Exploiter terres et populations conquises au nom du national-socialisme : l'Ostland dans les Ardennes pendant la Seconde Guerre mondiale

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Auteur / Autrice : Anne Francois
Direction : François Rouquet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire, histoire de l'art et archéologie
Date : Soutenance le 07/11/2019
Etablissement(s) : Normandie
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Normandie Humanités (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de Caen Normandie (1971-....)
Laboratoire : Histoire, Territoires & Mémoires (Caen ; 2017-....)
Jury : Président / Présidente : Alya Aglan
Examinateurs / Examinatrices : François Rouquet, Claire Andrieu, Fabrice Virgili, Stefan Martens, Barbara Lambauer
Rapporteurs / Rapporteuses : Claire Andrieu, Fabrice Virgili

Résumé

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En mai 1940, la population ardennaise fuit devant l’arrivée des troupes allemandes. Les ressources économiques et agricoles du département, qui faisaient pourtant l’objet de plans d’évacuation préparés dès les années 1930, sont abandonnées à l’occupant. Quelques semaines plus tard, une vaste zone du nord-est de la France, dont les Ardennes font partie, est déclarée « zone interdite ». Les terres cultivables sont confisquées à leurs propriétaires et prises en charge au profit du Reich par une entreprise appelée Ostland, qui a déjà orchestré un semblable mouvement de spoliation en Pologne depuis son invasion. L’une de ses filiales régionales, la WOL III, met en place dans les Ardennes un vaste projet d’implantation des méthodes agricoles nationales-socialistes qui nécessite une abondante main-d’œuvre. Des agriculteurs allemands, appelés « chefs de culture » sont diligentés sur place et gèrent de grandes exploitations dans lesquelles travaillent plusieurs milliers de prisonniers français et coloniaux ainsi que 5 000 agriculteurs ardennais contraints à se mettre à leur service. Des ouvriers juifs sont également recrutés et des milliers de Polonais, expulsés de leurs villages, sont déportés pour travailler dans ces fermes qui exercent une agriculture intensive. Cette situation engendre des tensions sociales qui s’expriment particulièrement lors de la Libération et lors de procès d’épuration qui visent certains employés de l’Ostland. Les autorités françaises tentent de gérer au mieux la liquidation de l’entreprise allemande et l’organisation du rapatriement des Polonais dans leur pays, deux opérations difficiles qui nécessitent de longs mois. La reconnaissance des victimes de l’Ostland est inégale et tardive puisqu’elle n’intervient qu’à partir des années 1990. Des mémoires distinctes et spécifiques aux différents groupes de travailleurs émergent aussi à cette époque et s’expriment lors de commémorations.