Les conceptions et les images de l'Islam et des Arabes dans les manuels scolaires d'histoire en France (1948-2008) : la constitution d'une altérité stéréotypée
Auteur / Autrice : | Sonia Mejri |
Direction : | Jacques Gleyse |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'éducation |
Date : | Soutenance le 25/01/2019 |
Etablissement(s) : | Montpellier |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 1991-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche en Didactique, Education et Formation (Montpellier) |
Jury : | Président / Présidente : Béatrice Mabilon-Bonfils |
Examinateurs / Examinatrices : Jacques Gleyse, Béatrice Mabilon-Bonfils, Carmen Lucia Soares, Sylvain Wagnon, Brigitte Morand | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Béatrice Mabilon-Bonfils, Carmen Lucia Soares |
Mots clés
Résumé
L’enseignement de l’histoire de l’Islam des Arabes tel qu’il est conçu dans les manuels scolaires d’histoire en France, entre 1948 et 2008, a-t-il pu constituer une image de l’Autre stéréotypée ? L’histoire véhiculée dans ces manuels présentent-ils une conception de l’altérité déformée et figée ? Cette recherche se base sur l’un des éléments les plus durables, constants et universels dans le système scolaire : le manuel scolaire. Véritable objet de représentation culturelle (Choppin, 1980), il est un outil multiple et ses responsabilités sont nombreuses. Résultat du difficile processus de transposition didactique, amenant l’objet culturel de référence à l’objet enseigné, il est source de savoirs, de connaissances et de représentations pour l’élève. Il est aussi le vecteur des compétences jugées nécessaires par la société et des valeurs de cohésion sociale et culturelle qu’elle veut pour ces futurs citoyens (programmes scolaires). Il est également le reflet de l’état des connaissances d’une époque et de la vision de son histoire. À partir de ces différentes demandes, des choix de contenus sont alors opérés, de manière autonome, par les auteurs de manuel scolaire. Outil influent donc, le livre scolaire est aussi support pour l’enseignant surtout lorsqu’il maîtrise peu le sujet. Bien qu’il soit complexe de connaître quelles utilisations les enseignants en font dans leur classe, ces derniers présentent à la lecture une vision de l’Autre (pas toujours étranger) parfois alter et parfois alien. La recherche sur les manuels scolaires est donc un terrain d’exploration idéal pour comprendre comment l’histoire de l’Islam et des Arabes est enseignée dans les manuels scolaires et ses conséquences sur la conception de l’Autre, à travers sa relation avec l’Un. À travers un corpus de deux-cent-vingt-deux manuels scolaires d’histoire, édités entre 1948 et 2008, quatre-vingts photos, plus d’une centaine d’extraits et une dizaine de cartes ont été sélectionnés.Inscrire l’analyse des manuels scolaires dans le champs de l’histoire culturelle permet de faire émerger la dimension sociale de ce sujet, c'est-à-dire « l'ensemble des représentations collectives propres à une société » (Ory, 1987). L’analyse culturelle des représentations de l’Islam et des Arabes s’inspire alors à la fois des études sur la constitution de l’altérité et sur les manuels scolaires. En liant « étroitement l’étude des textes, celle des objets matériels et des usages qu’ils engendrent dans la société » (Chartier, 1992), une combinaison d’analyses (quantitative et qualitative) ainsi que des critères de stéréotypie ont été établis pour examiner ces manuels et répondre à nos questionnements de départ. Les relations entre la France et l’Islam sont très anciennes, semées de controverses, de tourmentes, de passions et de partages. Elles sont le résultat d’expériences historiques propres à ce rapport si particulier et transmettent une mémoire forte, présentant à la fois des incompréhensions, réciproques, et des idéaux. Ce qui sépare a plus tendance à faire recette que ce qui rapproche mais se pourrait-il que ces incompréhensions proviennent de manuels scolaires enclin à produire une image stéréotypée de l’Autre afin de renforcer les croyances dans un conflit entre deux mondes ? De nombreuses études (Nasr, 2001 ; Mc Andrew & Oueslati, 2010 ; Costa-Lascoux & Choppin, 2011) et des rapports (Sellier, 2007 ; l’UNESCO, 2005 ; la HALDE, 2007) mettent en avant l’importance du rôle des manuels scolaires dans la reproduction des clichés, la persistance des stéréotypes et parfois du racisme sous des formes plus subtiles.Toutes ces dimensions entremêlées donnent à cette étude une vision originale et intéressante et apportent un regard différent sur la représentation de l’altérité.