Thèse soutenue

Histoire des feux, dynamique de la végétation et variabilité climatique de l’Holocène en République de Komi

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Auteur / Autrice : Chéïma Barhoumi
Direction : Odile PeyronAhmed Adam Ali
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Paléobiologie
Date : Soutenance le 18/11/2019
Etablissement(s) : Montpellier
Ecole(s) doctorale(s) : GAIA (Montpellier ; École Doctorale ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences de l'évolution (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Guillemette Menot
Examinateurs / Examinatrices : Odile Peyron, Ahmed Adam Ali, Guillemette Menot, Emilie Gauthier, Pavel E Tarasov, Sébastien Joannin, Christelle Hély-Alleaume, Vincent Lebreton
Rapporteurs / Rapporteuses : Emilie Gauthier, Pavel E Tarasov

Résumé

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Le changement climatique en cours entraîne et va entraîner encore d’importantes modifications au niveau de la structuration et de la biodiversité des écosystèmes forestiers. Les forêts boréales, qui comptent parmi les plus grands biomes forestiers de la planète (32 % du couvert forestier mondiale) sont particulièrement impactés par de tels changements. Les incendies y sont des perturbateurs majeurs et ils participent à la dynamique de ces forêts. La récente augmentation des activités de feux dans ces écosystèmes soulève des questions d’ordre écologique et socio-économique. Les conséquences du réchauffement climatique global sont déjà observées dans ces régions, notamment au Canada et en Russie, où des hivers et des printemps plus chauds (augmentation de 2 à 3°C) ont été enregistrés depuis les années 1960. De plus, le changement climatique en cours renverse le bilan net du stockage de carbone les forêts boréales semblent maintenant passer de leur état de puit de carbone à un état source de carbone. Afin de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents au fonctionnement de ce type de forêt, et afin de mieux anticiper les changements encore à venir, l’étude de sa dynamique passée permet d’apporter des éléments de réponses. L’objectif de la thèse consiste à étudier et comprendre les intéractions entre la dynamique des incendies, de la végétation et du climat de l’Holocène (derniers 11700 ans) en République de Komi, une région de Russie, dont ces questions ont été très peu documentées. Dans un premier temps, l’étude de la dynamique des incendies a révélé que la fréquence de feu a augmenté de manière graduelle tout au long de l’Holocène. Les changements de végétation au cours de l’Holocène ont été retracés à partir de l’analyse des grains de pollen et du modèle REVEALS. Une forêt de type taïga claire (type particulier de forêt boréale) s’est développée au début de l’Holocène, de 10000 à 6000 cal. yr BP. Ensuite, de 10000 à 3500 cal. yr BP, une taïga sombre s’est installée. Puis à partir de 3500 cal. yr BP, on observe le retour progressif de la taïga claire. Les reconstitutions paléoclimatiques basées sur une double approche, pollen et biomarqueurs moléculaires (brGDGts), ont mis en évidence un optimum climatique entre 7000 et 4000 cal. yr BP. La mise en relation de ces résultats les uns avec les autres nous a amené à conclure que pour la première moitié de l’Holocène, le climat a une influence majeure sur la végétation. Puis à partir de 3500 cal. yr BP, le passage de la fréquence des feux sous une valeur seuil (FRI, Intervalle de retour de feu < 200 ans) a eu un impact plus fort que le climat sur la végétation. Depuis les 600 dernières années, l’intensification des activités humaines a mené à une surexploitation de la forêt et à une augmentation de son activité. Un autre aspect de la thèse a consisté à étudier les dynamiques des incendies de deux autres régions, en Carélie, et dans la région sud du Lac Baïkal. La dynamique des feux y a été plus complexe qu’en République de Komi, car elle n’a pas suivie la même tendance à la décroissance graduelle du FRI.