Thèse soutenue

Au-delà du dilemme de Calhoun : prémisses pour le dépassement conceptuel de la souveraineté dans le contexte de l'unification politique européenne

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Auteur / Autrice : Matteo Barbini
Direction : Luc Vincenti
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 13/05/2019
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche interdisciplinaires en sciences humaines et sociales (Montpellier) - Centre de recherche interdisciplinaires en sciences humaines et sociales (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Jean-Louis Labussière
Rapporteur / Rapporteuse : Bruno Karsenti, Julie Saada-Gendron, Marie-Dominique Couzinet

Résumé

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Le projet politique de l’Union européenne apparaît encagé dans le dilemme entre État fédéral ou Confédération d’États. Dans un cas, il s’agit de reconnaître une souveraineté, avec une Constitution et une représentation. Dans l’autre, il s’agit de conserver une pluralité de corps souverains unis par la formule du Traité. La recherche d’une synthèse entre ces deux perspectives semble niée à la racine. À y regarder de plus près, toutefois, ce dilemme subsiste à l’intérieur d’un horizon politique spécifique. Comme l’a récemment signalé Olivier Beaud, auteur de La Puissance de l’État (1994), le choix entre État fédéral et Confédération d’États présuppose le partage de la théorie moderne de la souveraineté. D’où l’exigence, avancée par le juriste français dans la Théorie de la Fédération (2007), d’ouvrir le débat politique sur l’Union européenne à une réflexion plus générale, ayant pour objectif la proposition d’un projet fédératif excédant l’alternative « état-centrique » entre État fédéral et Confédération d’États. Autrement dit, l’ambition de Beaud est de concevoir la Fédération comme ordre politique anti-souverain. Nous partageons cette initiative. D’autre part, nous proposons une conception fédérative différente de celle du juriste français. Cette distance théorique dépend, à son tour, d’une définition différente de la souveraineté moderne. Pour Beaud, cette dernière s’affirme avec Jean Bodin, théoricien de la monopolisation de la prérogative législative de la part de la puissance publique. Pour nous, en revanche, la souveraineté moderne est contresignée par cette logique qui, sur la base de l’accord volontaire de tous les individus impliqués, parvient à fonder un pouvoir absolu et représentatif de la totalité. De notre point de vue, il s’ensuit que la Fédération, entendue comme ordre politique alternatif à la Souveraineté, doit être pensée au-delà de ce mécanisme d’autorisation « démocratique » du pouvoir dont Thomas Hobbes est le père théorique.