Une géographie de la multi-localisation familiale : ruralités nicaraguayennes à l'épreuve des mobilités (cas de la vallée du Río Negro)
Auteur / Autrice : | Anaïs Trousselle |
Direction : | Geneviève Cortes, Sandrine Freguin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Geographie et aménagement de l'espace |
Date : | Soutenance le 09/12/2019 |
Etablissement(s) : | Montpellier 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale 60, Territoires, Temps, Sociétés et Développement (Montpellier ; 1991-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Acteurs, ressources et territoires dans le développement (Montpellier ; Perpignan) - Acteurs- Ressources et Territoires dans le Développement / UMR ART-Dev |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Florence Boyer, Laurent Faret, Pierre Gasselin, Thomas Pfirsch |
Rapporteurs / Rapporteuses : Virginie Baby-Collin, Delphine Mercier |
Mots clés
Résumé
Cette thèse s’inscrit dans une réflexion géographique sur les recompositions rurales à l’œuvre au Nicaragua. Elle interroge les incidences des mobilités spatiales sur les pratiques, les stratégies et la reproduction socio-économiques des familles. Plus généralement, elle questionne le devenir des agricultures et des sociétés rurales. À travers le concept de système familial multi-localisé, la thèse analyse la manière dont les espaces de vie familiaux se construisent dans la dispersion géographique à partir du maintien des liens sociaux dans la distance et le temps. L’objectif est de comprendre comment ces liens, et l’ensemble des arrangements qui se jouent à l’échelle de la famille nucléaire ou élargie, font ressource dans les stratégies et les trajectoires de moyens d’existence des ruraux. La région d’étude est la vallée du Río Negro, au nord du Nicaragua, située en périphérie des axes de développement du pays. Dans cette région rurale soumise à de fortes contraintes agro-climatiques, les populations diversifient leur système d’activité, en pratiquant des mobilités circulaires de proximité et frontalières, ou en migrant vers des destinations plus lointaines, en Europe ou dans les Amériques. Pour documenter ces dynamiques, la recherche se fonde sur une méthodologie plurielle de collecte de données croisant entretiens, récits de vie, observations participantes, reconstitutions des trajectoires familiales, dans le cadre d’enquêtes multi-situées, visant à suivre les familles dans leurs lieux de résidence et d’activité à travers plusieurs pays (Nicaragua, Costa Rica, Espagne, États-Unis). La thèse propose au final une géographie par le bas, qui accorde une place primordiale aux pratiques et aux représentations, aux expériences vécues et aux trajectoires de vie, ainsi qu’aux stratégies et aux intentionnalités des individus et de leurs familles dans leur rapport à l’espace. Les dynamiques de l’espace local d’origine sont ainsi pensées dans leurs liens à l’ailleurs. La thèse met à jour la force du lien familial à distance dans les stratégies quotidiennes des populations, la flexibilité des organisations familiales aux contours mouvants et, au final, le rôle central de la ressource sociale. Dans le même temps, elle met en évidence une différenciation des familles dans leurs manières de faire avec l’espace, du fait d’une inégalité d’accès aux différentes ressources (migratoires, économiques, physiques, sociales) et d’une asymétrie des rapports sociaux intra-familiaux. La thèse pose également la question cruciale du coût social élevé des systèmes familiaux multi-localisés, lié à l’épreuve du franchissement des frontières, aux difficiles conditions d’emploi à destination, ou encore à la séparation et à l’absence qu’induit la dispersion au sein du monde d’aujourd’hui.