Thèse soutenue

Changements socio-économiques et recompositions territoriales dans le bassin du Guir (Sud-Est marocain) : effets des politiques publiques et des initiatives individuelles et collectives

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Auteur / Autrice : Moulay Abdelouahed Oufkir
Direction : Jean-Marie MiossecMohamed Berriane
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Geographie et aménagement de l'espace
Date : Soutenance le 17/12/2019
Etablissement(s) : Montpellier 3 en cotutelle avec Université Mohammed V (Rabat). Faculté des lettres et des sciences humaines
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Territoires, Temps, Sociétés et Développement (Montpellier ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Gouvernance, risque, environnement, développement, dynamiques sociétales et gestion des territoires
Jury : Président / Présidente : Raffaele Cattedra
Examinateurs / Examinatrices : Mohammed Aderghal, Geneviève Michon, Abdelfettah Moujahid
Rapporteurs / Rapporteuses : Pascale Froment, Lekbir Ouhajou

Résumé

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Le bassin du Guir marocain dans le Sud de l’Oriental, région frontalière périphérique, s’est trouvé de plus en plus marginalisé avec un contexte défavorable au maintien des populations, accélérant la dégradation des oasis Ce bassin a connu depuis le milieu des années 2000, une transformation considérable encouragée par différentes stratégies étatiques (Plan Maroc Vert…), due essentiellement à l’investissement agricole grâce à l’irrigation et à l’accaparement de terres collectives. Ces mutations déstabilisent profondément le milieu socio-naturel. Deux mondes se heurtent : une économie traditionnelle de subsistance quasi autarcique mais précaire, faite d’agriculture vivrière, tributaire de la précieuse ressource en eau, du pastoralisme et des mines artisanales, face au «progrès » sous forme de grandes exploitations agro-industrielles intensives, fruit de valeurs ultra libérales, qui entraînent des effets secondaires à double tranchant pour ce milieu fragile. Dans un espace, jusque là majoritairement destiné aux nomades, ces formes nouvelles d’exploitation impactent l’organisation des territoires, accélérant la crise du nomadisme. Ses effets délétères sur l’écosystème oasien et hamadien ont accéléré la raréfaction, voire la disparition d’espèces endémiques, emblématiques de la région, indicatrices d’un environnement autrefois en relatif équilibre. Cette recherche est consacrée à l’exploration de ces nouveaux paysages. Elle s’efforce de dévoiler les logiques à l’œuvre, et leur contribution au développement. De l’action publique, émerge une recomposition des étendues présahariennes et de la société locale. La relation Etat /société locale, se modifie : Les concepts de bonne gouvernance et de participation citoyenne sont intégrés par l’Etat pour accompagner ses réformes, dans la gestion communale (PCD) comme dans les projets portés par des associations et coopératives et financés par les fonds de développement (INDH, ANDZOA, FDA…). Au sein de la société locale, l’apparition de valeurs libérales fortes, fait émerger une « élite économique » d’investisseurs agricoles. Suppléées par de nouvelles organisations de la société civile représentant l’État moderne, les instances anciennes (jmâa) qui puisaient leur légitimité dans l’organisation des terres collectives, sont reléguées à l’arrière-plan. À cette alliance stratégique entre administration et associations s’ajoute la réforme des terres collectives annonçant la destitution définitive de la jmâa. Tout cela affecte l’organisation ancestrale de la société oasienne. Mais est-ce le rôle de l’Etat de faire émerger de nouveaux acteurs ? Une certaine communauté d’intérêt entre l’Etat et société civile comme locale, crée l’ambiguïté. L’intérêt se cristallise sur les ressources naturelles et les enjeux du développement, notamment agricole et urbain. En revanche, les logiques sociales redessinent une société clivée là où le foncier est en ébullition. Et si la tribu représente encore le pôle majeur d’identification, surtout chez les nomades, des conflits intra-communautaires apparaissent. La recomposition du bassin est marquée par la progression d’une nouvelle ruralité. Par contre, l’émergence d’un nouveau « patrimoine socio-environnemental » n’est ni synonyme de développement durable ni d’émergence d’une identité territoriale solide. Les interactions entre les composantes et les découpages administratifs successifs de ce bassin laissent apparaître des micro-localismes et une mosaïque de micro-populations aux identités fortes mais sans ciment véritable. Pris en tenaille entre le Tafilalet et Oujda qui ont une identité forte, le bassin du Guir reste en quête de celle-ci.