Thèse soutenue

la beauté limite ou le réveil du sublime sur les scènes contemporaines

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Auteur / Autrice : Sophie Rieu
Direction : Didier Plassard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : ARTS spécialité Etudes théâtrales et spectacle vivant
Date : Soutenance le 28/06/2019
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche Représenter, inventer la réalité du romantisme à l'aube du XXIe siècle
Jury : Président / Présidente : Amos Fergombé
Examinateurs / Examinatrices : Alix de Morant
Rapporteurs / Rapporteuses : Baldine Saint Girons

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Après une première phase de réflexion portant sur les traces d’un sacré bataillien chez Jan Fabre, tout en élargissant le corpus à d’autres artistes contemporains (Abattoir fermé, Romeo Castellucci, Pippo Delbono, Yves-Noël Genod, Alain Platel, Gisèle Vienne et quelques autres), cette thèse propose de mettre en lumière les manifestations, sur les scènes contemporaines, d’une beauté atypique, amorale, parfois obscène, que nous avons choisi de nommer « beauté-limite ».La première partie de la thèse tente de définir ce concept en parcourant les multiples définitions qu’a pu revêtir la beauté à travers les âges : divine, synonyme d’harmonie ou de vérité, bizarre (Baudelaire), disloquée (Expressionnisme), extraordinaire et intense (avant-gardes), etc. Aussi surprenant que cela puisse paraître, la beauté-limite n’est parfois pas étrangère à l’effroi ni au dégoût. Parce qu’elle est excessive, elle est arrachement. Et elle tisse avec le spectateur un lien émotionnel et sacré tel qu’elle s’apparente au sublime. Pourtant, cette question est absente de la recherche en arts du spectacle ; il nous a donc fallu nous appuyer sur les travaux existants en arts visuels, en esthétique et parfois en psychanalyse.Le merveilleux, le rêve et le conte, les motifs populaires du carnaval et du cirque font souvent partie des compositions scéniques actuelles. Par ailleurs une « terreur belle » - souvent imprégnée d’un romantisme monstrueux et proche du sublime - caractérise certains spectacles (ceux de Romeo Castellucci par exemple). L’apport de la poésie, de la danse, de la musique, l’intégration de techniques cinématographiques sont autant d’éléments dont la combinaison peut susciter le sentiment du sublime. Nous nous sommes également interrogée sur le corps ; particulièrement présent, parfois sursignifiant, ne serait-il pas, dans certaines circonstances, source de sublime ? Le corps, en effet, qu’il soit naturel, organique, informe, érotique, sacrifié, nous ouvre des mondes d’où surgit une beauté «terrible».Mais pour accéder au sublime, explique Baldine Saint Girons, il faut accepter de voir le réel sans les yeux de la raison et de la logique. Autrement dit, il ne suffit pas que le spectateur soit confronté à l’illimité ; encore faut-il qu’il consente à se laisser porter par l’incertitude (et parfois l’abstraction) qui caractérise certaines formes dites postdramatiques. Nous avons tenté d’analyser ce qu’il peut alors se produire dans le corps du spectateur. La« pensée iconique » - développée par Nicole Everaert-Desmedt à partir de la sémiotique peircienne – est particulièrement adaptée à l’analyse de spectacles déroutants, qui tirent le regard vers le mystérieux et l’invisible. Restent des points d’interrogation : quels sont les effets du sentiment sublime ? Peut-on, à l’instar de certains metteurs en scène, parler raisonnablement d’effet cathartique ? À quoi bon provoquer une « commotion émotionnelle » ? N’y a-t-il pas là un effet purement spectaculaire et gratuit ? … Ou, au contraire, n’est-il pas envisageable que, faisant l’expérience du sublime, le spectateur entrevoit la possibilité de se libérer d’une «vie à contrecoeur » ? (Breton).