Thèse soutenue

L’agriculture de la région beyrouthine au prisme des terres waqf (Liban) : une géographie foncière des logiques agricoles

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Auteur / Autrice : Carine Lteif
Direction : Christophe Soulard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Geographie et aménagement de l'espace
Date : Soutenance le 28/06/2019
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : Territoires, Temps, Sociétés et Développement
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : INNOVATION - Innovation et développement dans l'agriculture et l'agro-alimentaire - UMR Innovations
Jury : Président / Présidente : Lucette Laurens
Examinateurs / Examinatrices : Stéphane Ghiotti, Salwa Tohme Tawk
Rapporteurs / Rapporteuses : Claire Delfosse, Laurent Rieutort

Résumé

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Dans les pays méditerranéens, l’agriculture en lien avec la ville connait des dynamiques variées, entre déclin et renouveau. Au Liban, les espaces agricoles sont de faible étendue, et limités par un relief escarpé. Le pays souffre également de politiques faibles d’aménagement qui n’accordent pas d’importance à l’agriculture urbaine. Pourtant, des formes agricoles persistent en ville. Dans cette thèse nous lisons l’agriculture en lien avec la ville au prisme d’un droit spécifique au monde arabe, le waqf. Nous partons d’une hypothèse qui voit sur les propriétés dotées d’un waqf une possibilité de maintien ou même de développement de l’agriculture de la région beyrouthine. Adoptant une approche multiscalaire, nous examinons l’agriculture sur le waqf au niveau de sites mais également d’exploitations agricoles, et dressons une géographie foncière des logiques agricoles observables dans la région beyrouthine.Selon nos résultats, les waqf sont assez présents dans l’agglomération beyrouthine. Les waqf agricoles présentent une meilleure résistance face à l’urbanisation -que les terres privées- lorsqu’ils sont associés à des couvents situés dans le périurbain de Beyrouth. Si l’objectif du waqf est l’immobilisation de biens dont les revenus doivent servir des actions pieuses, il en existe différents types au Liban : familial, caritatif, mais aussi religieux chez les chrétiens dont les revenus servent à soutenir les serviteurs de l’Eglise et l’accomplissement d’actes religieux. Quant à leur acquisition, la recherche a permis de distinguer deux discours : celui de religieux qui parlent surtout de waqf achetés, et le second, celui de laïcs, qui lient les acquisitions à d’anciens dons de terres. La gestion de waqf communautaires, majoritaires dans la zone d’étude, diffère selon les confessions religieuses présentes au Liban : elle est centralisée chez les grecs-orthodoxes, les sunnites et les catholiques dans le cas des waqf d’églises, et décentralisée chez les chiites et les catholiques lorsqu’il s’agit de waqf de couvents. Si la location et le métayage agricoles sont possibles sur le waqf, ils sont régis par des contrats s’étalant sur 3, 6, 9 ans chez les catholiques et variant selon le projet agricole chez les orthodoxes, ce qui confère une plus grande sécurité foncière aux exploitations agricoles que celle procurée par les terres privées louées (contrats annuels). Sur le waqf diverses formes agricoles se déploient : maraîchage, arboriculture, élevage et transformation (faire-valoir direct par des religieux), mais aussi des cultures hydroponiques, des pépinières et des cultures spéciales (faire-valoir indirect), alors que sur les terres privées nous retrouvons du maraîchage et de plus en plus de pépinières. Les logiques agricoles identifiées montrent un regain agricole sur les waqf empruntant des trajectoires différentes et entretenant des liens divers à la ville.Finalement, les waqf, malgré leur vocation sociale, n’apparaissent pas comme des communs, ni comme des propriétés privées. Ils sont plutôt mus par des logiques communautaires qui leur sont propres.