Thèse soutenue

A la recherche de l'ombre, géographie des systèmes agroforestiers émergents en cacaoculture ivoirienne post-forestière

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Elsa Sanial
Direction : Michel MiettonFrançois Ruf
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Geographie et aménagement
Date : Soutenance le 13/12/2019
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur de soutenance : Université Jean Moulin (Lyon ; 1973-....)
Equipe de recherche : Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (France)
Jury : Président / Présidente : Étienne Cossart
Examinateurs / Examinatrices : Étienne Cossart, Stéphanie Carrière, Jean-Louis Chaléard, Bruno Hérault, Valentina Robiglio, Tra Aimé Vroh Bi
Rapporteur / Rapporteuse : Stéphanie Carrière, Jean-Louis Chaléard

Résumé

FR  |  
EN

En Côte d'Ivoire, où 40% du cacao mondial est produit, la majeure partie des forêts a été convertie en plantations de cacao. Après un siècle d'expansion, cette culture et ses producteurs font face à une nouvelle situation environnementale qualifiée ici de ''post-forestière''. D'une part, la couverture forestière a presque entièrement disparu avec la progression des fronts pionniers cacaoyers ; d'autre part, les monocultures, caractérisant 90% du verger cacaoyer ivoirien au début du XXIème siècle, semblent aujourd'hui atteindre leurs limites (attaques de parasites, réduction de la durée de vie productive) ; enfin les évolutions climatiques récentes sont moins favorables à cette culture (Bigot et al., 2005). La conjonction de ces différents éléments conduit à un ''blocage structurel'' (Léonard et Oswald, 1996) de la cacaoculture. Dans l'histoire de la cacaoculture, un autre pays ou une autre région prennent le relais de la région en crise (Ruf, 1995). Ce doctorat étudie ainsi les stratégies d'adaptation, notamment agroforestières, des producteurs de cacao et dresse le tableau d'une bifurcation post-forestière possible au modèle universel d'alternance entre booms et crises cacaoyères. Il est basé sur des inventaires botaniques en plantation de cacao, des entretiens avec les producteurs, une cartographie multichronique d'usage des sols et deux monographies. Les pratiques agroforestières des producteurs sont ainsi étudiées à la croisée de données environnementales et socio-économiques sur quatre sites représentatifs des différents stades de progression de la cacaoculture (à savoir d'Est en Ouest : Akoupé, Divo, Guéyo et Méagui). Les principaux résultats sont les suivants : 1. Les plantations de cacao étudiées sont très diverses allant de systèmes proches de la monoculture jusqu'aux agroforêts denses et pluri-stratifiées. Dans l'échantillon étudié, 22% des 137 parcelles étudiées présentent des caractéristiques agroforestières. 2. Les contributions environnementales évaluées (biodiversité, stockage de carbone, bois d'oeuvre, usages alimentaires, usages médicinaux et contributions agronomiques pour les cacaoyers) sont généralement différentes de celles d'un écosystème forestier. Il apparaît toutefois que la gestion de l'origine des arbres (rémanent, recrû spontané ou planté) par les producteurs modèle la capacité de ces systèmes à fournir différentes contributions environnementales. 3. Depuis une décennie, une tendance à la densification et la diversification des arbres associés se dessine dans les parcelles de cacao. En confrontant discours et pratiques des producteurs, il apparaît que 67% d'entre eux ont une attitude favorable aux arbres associés. 4. Les stratégies ''post-forestières'' des producteurs sont diverses, de l'abandon de la cacaoculture au recours aux intrants chimiques ou à l'intensification écologique ; elles incluent une variété de systèmes agroforestiers et témoignent d'une vélléité de poursuivre la cacaoculture dans des conditions post-forestières. 5. La mise en place de stratégies agroforestières apparaît comme une réponse à une situation de précarité foncière, à l'échelle du ménage et du finage. 6. Enfin, ces évolutions de la cacaoculture font émerger de nouvelles ressources. Des conflits de gouvernance autour de leur appropriation aux échelles locales, régionales et nationale restent le principal obstacle à l'adoption et au succès de stratégies agroforestières. A travers une approche transdisciplinaire, ce doctorat de géographie, à l’interface nature-sociétés, illustre les relations particulières qui se tissent entre producteurs de cacao et environnement post-forestier.