Thèse soutenue

De l'idéologie des industries créatives aux politiques de reconfiguration territorialisées : le cas du territoire métropolitain lyonnais
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Auteur / Autrice : Thomas Bihay
Direction : Françoise PaquienséguySarah Cordonnier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'information et de la communication
Date : Soutenance le 23/05/2019
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'éducation, psychologie, information et communication (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Equipe de recherche de Lyon en sciences de l'Information et COmmunication (Lyon)
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Laboratoire : Equipe de recherche de Lyon en sciences de l'information et de la communication / ELICO
Jury : Président / Présidente : Claire Oger
Examinateurs / Examinatrices : Corinne Rochette
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Bouquillion, Marc Lits

Résumé

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Cette recherche porte sur la façon dont les industries créatives, appréhendées en tant qu’idéologie et théorie scientifiquement construite, se déploient de manière non linéaire de l’international au local à travers les discours et pratiques d’acteurs hétérogènes (politiques, industriels, culturels…) jusqu’à leur opérationnalisation dans le cadre de politiques de reconfiguration du territoire local. Ces dernières désignent les politiques visant à transformer durablement la représentation d’un territoire donné. Pour ce faire, l’étude se concentre sur le cas du territoire métropolitain lyonnais, emblématique de plusieurs processus à l’œuvre depuis une quarantaine d’années (mondialisation, développement des TICN, décentralisation, métropolisation...) et des politiques de reconfiguration menées sur d’autres territoires (Berlin, Reims, Lille…). L’analyse se déploie en trois temps.Tout d’abord, nous analysons comment les industries créatives sont définies et promues à travers les discours d’institutions internationales, nationales et locales (Unesco, DCMS, France Créative…). Trois types de discours se distinguent : ceux à visée entrepreneuriale explicite ; ceux abordant les industries créatives comme un ensemble de secteurs liés aux industries culturelles, auxquels sont adjoints quelques autres plaçant la « créativité » au cœur de leurs activités ; enfin, les discours les appréhendant comme le pilier central du développement territorial. Ces types de discours institutionnels ont cependant encommun d’entrer en résonnance avec ceux des promoteurs du nouvel esprit du capitalisme. Ensuite, nous accordons une attention particulière aux discours et pratiques des professionnels de la reconfiguration territoriale, à savoir ceux de la communication publique et territoriale auxquels s’ajoutent désormais ceux du marketing territorial. Ces professionnels constituent des intermédiaires contribuant à la diffusion des industries créatives par la promotion de présupposés, pratiques et agencements entrant en résonnance avec ceux diffusés dans les discours institutionnels. Si un lexique, des notions et méthodes issues des sciences de gestion supplantent les références faites à la créativité et aux politiques territoriales axées sur l’innovation et la créativité, un décalage s’opère cependant entre leurs discours et leurs pratiques effectives.Enfin, nous nous intéressons à la façon dont les industries créatives sont réinvesties dans le cadre de politiques de reconfiguration territoriale du territoire métropolitain lyonnais pour en susciter et diffuser une représentation créative. La réflexion s’articule ici sur la façon dont ces politiques portent sur une triple reconfiguration territoriale (tangible, réticulaire et symbolique). En particulier, nous nous intéressons à l’opérationnalisation des grands événements culturels et artistiques, des projetsd’aménagement du territoire et de réseaux d’acteurs mis en place sur le territoire dans l’objectif d’en susciter une représentation créative. Les pratiques et agencements mis en place sur ce territoire s’inscrivent dans la continuité ou entrent en résonnance avec ceux prescrits dans les discours institutionnels et dans ceux des professionnels de la reconfiguration territoriale.En définitive, nous montrons comment l’idéologie des industries créatives se déploie à travers les discours et pratiques d’acteurs hétérogènes qui entrent en résonnance et, de ce fait, contribuent à renforcer cette idéologie. Notre étude prête attention aux circulations, qui ne sont pas uniquement descendantes ou prescriptives mais qui sont aussi des réappropriations et des interprétations des industries créatives par ces acteurs. Les logiques propres aux acteurs étudiés sont mises en évidence, tout en soulignant comment leurs discours et pratiques entrent en interaction.