La guerre des mémoires n'aura pas lieu ! : construction d'une demande sociale de mémoire rapportée à l'immigration et nouvelles luttes symbolliques : une comparaison des villes de Saint-Etienne et Villeurbanne
Auteur / Autrice : | Morane Chavanon |
Direction : | Nathalie Dompnier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences politiques |
Date : | Soutenance le 14/02/2019 |
Etablissement(s) : | Lyon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Triangle. Action, Discours, Pensée politique et économique (Lyon ; 2005-....) |
établissement opérateur d'inscriptions : Université Lumière (Lyon ; 1969-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Renaud Payre |
Examinateurs / Examinatrices : Julien Talpin, Sarah Gensburger, Nancy Venel | |
Rapporteur / Rapporteuse : Sylvie Tissot, Catherine Neveu |
Résumé
« Retour du passé refoulé », « guerre des mémoires », « concurrence des victimes », depuis la fin des années 1990, les enjeux de mémoire collective sont au cœur du débat public, en particulier concernant la place occupée par les immigrés dans le roman national.L’idée qu’il existerait un « besoin de mémoire » rapporté à l’immigration, c’est-à-dire des immigrés et de leurs descendants, mais également de la société française dans son ensemble, s’est imposée comme une évidence, faisant l’objet d’une attention accrue des pouvoirs publics ainsi que d’une pluralité d’acteurs sociaux (universitaires, artistes, militants de la mémoire…).A partir d’une enquête comparative menée dans deux villes de la région Auvergne-RhôneAlpes : Saint-Etienne et Villeurbanne, notre thèse a pour but de saisir ce « besoin de mémoire » rapporté à l’immigration non pas comme un donné, mais comme un construit faisant l’objet d’usages politiques et sociaux.Dans ces deux villes marquées par une histoire industrielle forte, mais où la mémoire locale, en l’occurrence sa part immigrée, fait l’objet d’un traitement public différencié, il s’agit de se demander « ce qui se joue d’autre que le passé dans [des] politiques publiques censées y être consacrées » (Gensburger, 2010).A travers une démarche mêlant approche ethnographique et analyse documentaire, nous mettons au cœur de notre étude, non pas le rapport d’un groupe à sa mémoire, mais la notion de mémoire elle-même. Considérée comme une préoccupation majeure dans la sphère publique, elle est devenue une catégorie d’action et d’interprétation pour les pouvoirs publics mais également au principe de nouvelles mobilisations citoyennes. Il s’agit alors de restituer les conditions sociales de sa constitution en nouveau bien symbolique mis en circulation dans les territoires locaux ainsi que les enjeux politiques propres à la publicisation du passé migratoire.La traduction institutionnelle et militante des inégalités de traitement affectant les conditions d’existence des immigrés et leurs descendants dans les termes de la réparation symbolique renseigne sur la transformation des répertoires d’action publique, sur l’évolution des luttes autour de la cause de l’immigration, et donne à voir l’interpénétration croissante entre ces deux mondes.