Thèse soutenue

Épidémiologie descriptive et analytique des orthohantavirus chez les rongeurs sauvages en France

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Auteur / Autrice : Élodie Monchâtre-Leroy
Direction : Viviane HenauxPhilippe Marianneau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie, médecine et santé
Date : Soutenance le 03/12/2019
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Evolution Ecosystèmes Microbiologie Modélisation (Lyon ; 1999-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Claude Bernard (Lyon ; 1971-....)
Laboratoire : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (France ; 2010-....)
Jury : Président / Présidente : Delphine Maucort-Boulch
Examinateurs / Examinatrices : Viviane Henaux, Philippe Marianneau, Etienne Benoît
Rapporteurs / Rapporteuses : Carine Brouat, Sophie Le Poder

Mots clés

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Résumé

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Les orthohantavirus sont des virus, généralement zoonotiques, présents dans la plupart des zones d’habitat des rongeurs, espèces réservoirs. En Europe, le virus Puumala (PUUV) est l’orthohantavirus qui provoque le plus grand nombre de cas humains, appelées néphropathies épidémiques (NE). L’Homme se contamine le plus souvent de façon indirecte via un contact avec des déjections de campagnol roussâtre (Myodes glareolus) qui est le réservoir spécifique du PUUV. Le rongeur se contamine de façon indirecte comme l’Homme ou de façon directe lors d’interactions avec un campagnol infecté. En France, la zone d’endémie des cas humains se situe dans le quart Nord-Est du pays. Au sein de cette zone, plusieurs foyers ont été identifiés parmi lesquels le nombre de cas varie en fonction des zones, des saisons et des années. L’épidémiologie des cas de NE est intimement liée à celle des infections à PUUV des campagnols. Cependant, la simple présence d’une population de campagnols infectée n’explique pas la disparité spatiale du nombre de cas humains, avec des zones restant indemnes de NE malgré une séroprévalence parfois élevée chez les rongeurs. L’objectif général de cette thèse est de mieux comprendre les facteurs qui expliquent cette disparité en comparant une zone de faible endémie qu’est l’Alsace à une zone de forte endémie que sont les Ardennes. Une première étude a permis d’investiguer le lien entre le risque pour l’Homme et le nombre de rongeurs infectés et donc potentiellement excréteurs, via un suivi de la séroprévalence chez le rongeur dans le temps et dans l’espace en Alsace. En comparaison avec de précédentes études réalisées dans des zones de forte endémie, nos résultats montrent qu’en Alsace le nombre limité de cas humains est associé à une faible séroprévalence des rongeurs. Outre le nombre de rongeurs infectés, l’importance de la contamination environnementale et donc le risque de contamination humaine, dépendent du niveau d’excrétion virale par les rongeurs, qui est modulée pour partie par le variant viral. Aussi, dans un deuxième temps, une étude phylogénétique a été conduite pour évaluer la microévolution du virus entre plusieurs sites des Ardennes. Cette microévolution s’est avérée très différente en fonction du nombre de cas de NE associé à chaque site et était en lien avec les caractéristiques du renouvellement des individus (via la survie et les migrations) au sein de chaque population de rongeurs. Enfin, le troisième volet de ce travail a visé à déterminer l’impact de l’environnement sur la démographie et l’infection des rongeurs dans les Ardennes. Cette partie a débuté par une revue exhaustive de la littérature afin d’identifier le rôle des conditions climatiques, de l’habitat des rongeurs et de la disponibilité alimentaire sur la séroprévalence des rongeurs et sur le nombre de cas de NE. Dans un second temps, des analyses à l’aide de modèles de régression ont permis d’examiner l’influence de ces différents facteurs sur le risque d’infection des rongeurs, estimé par deux indicateurs : la séroprévalence, communément utilisée dans de telles études, et le taux d’incidence, bien plus sensible du moment de l’infection. Logiquement, nos résultats ont montré que la séroprévalence et le taux d’incidence ne sont pas influencés par les mêmes facteurs ; ceux-ci sont discutés au regard des résultats des précédentes études. Nos études suggèrent que l’hétérogénéité spatiale des cas de NE est en partie liée au nombre de rongeurs infectés et à la diversité des souches de PUUV, qui dépendent des caractéristiques démographiques des populations de rongeurs et de l’environnement. Ces résultats sont à approfondir et d’autres hypothèses doivent être explorées, comme l’influence de l’immunité des rongeurs sur le niveau d’excrétion virale et la modulation de leur risque de contamination par leur comportement. Tous ces apports pourraient être utilisés dans des modèles épidémiologiques afin de mieux évaluer le risque pour l’Homme