Prévenir le suicide des personnes âgées institutionnalisées
Auteur / Autrice : | Nicolas Chauliac |
Direction : | Antoine Duclos |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Épidemiologie. Santé publique. Recherche sur les services de santé |
Date : | Soutenance le 20/11/2019 |
Etablissement(s) : | Lyon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Interdisciplinaire Sciences-Santé (Villeurbanne ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement opérateur d'inscription : Université Claude Bernard (Lyon ; 1971-....) |
Laboratoire : Health Services and Performance Research (Lyon) | |
Jury : | Président / Présidente : Claire Léger-Falandry |
Examinateurs / Examinatrices : Antoine Duclos | |
Rapporteur / Rapporteuse : Catherine Massoubre, Laurent Boyer |
Mots clés
Résumé
Le taux de décès par suicide augmente avec l’âge dans la plupart des pays du monde, en particulier pour les hommes. En revanche, la prévalence des tentatives de suicide (TS) et des idées suicidaires parmi les personnes âgées est moindre que dans les autres classes d’âge. Les facteurs associés au décès par suicide dans la population générale sont surtout les troubles psychiatriques, y-compris les troubles de l’usage de substances, et les antécédents de TS. En ce qui concerne les personnes âgées, on peut y ajouter des facteurs spécifiques, comme l’isolement, les maladies et douleurs chroniques, ou la perte d’autonomie. La démence ne semble en revanche pas constituer un facteur de risque. Les mesures de prévention du suicide les mieux établies sont basées sur la restriction de l’accès aux moyens, le traitement des troubles psychiatriques et les systèmes de maintien d’un suivi après TS. La formation de sentinelles (« gatekeepers ») est une mesure réputée efficace mais qui n’a pas été évaluée indépendamment d’autres interventions avec un bon niveau de preuve. Des interventions s’adressant aux personnes âgées vivant dans la communauté ont également été développées mais leur efficacité sur les comportements suicidaires a rarement été évaluée avec un bon niveau de preuve. En France, comme dans la plupart des pays européens, environ 10 % des personnes de plus de 75 ans et le tiers des plus de 90 ans vivent dans des établissements hébergeant des personnes âgées (EHPA). Les études actuelles ne permettent pas de dire si le fait d’être institutionnalisé augmente le risque suicidaire, déjà très élevé dans ces classes d’âge. Les EHPA ou EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) pourraient malgré tout constituer un terrain de choix pour valider des interventions visant à diminuer le risque suicidaire parmi les personnes âgées. Dans ce travail de thèse, nous présentons en premier lieu une revue systématique de la littérature portant sur les interventions visant à diminuer le risque suicidaire en EHPA. Nous n’avons retrouvé dans la littérature que six articles, dont quatre portent sur l’évaluation de la formation de sentinelles parmi le personnel. Aucune étude ne présente l’impact des interventions sur les comportements suicidaires. Nous exposons en deuxième lieu une étude visant à mieux évaluer au cours d’un suivi d’un an, les effets de la formation de sentinelles parmi le personnel de douze EHPAD du département du Rhône par comparaison à douze autres dans lesquels aucune formation particulière sur ce sujet n’avait été menée. Nous montrons que la formation de sentinelles a des impacts très larges, amenant les institutions à développer des stratégies de prévention multimodales et à modifier la prise en charge des résidents suicidaires. Cependant, les résultats sont hétérogènes selon le contexte institutionnel. En dernier lieu, nous proposons une étude qualitative menée auprès de membres du personnel de trois EHPAD visant à analyser les représentations sociales qu’ont ces personnes du suicide des personnes âgées. Nous montrons que ces représentations sont similaires à celles de la population générale et tendent à légitimer et banaliser le suicide des personnes âgées. En conclusion, nous proposons plusieurs pistes de recherche. L’une d’entre elles consisterait à évaluer de manière rétrospective les taux de décès et de TS dans un grand nombre d’EHPA, par exemple sur l’ensemble d’une région, afin que cette évaluation puisse servir de comparaison avec les personnes non-institutionnalisées et surtout de base afin de mesurer l’efficacité d’un programme multimodal de prévention du suicide dans certains EHPAD. Par ailleurs, nous proposons de mieux cerner les facteurs associés aux suicides ou aux TS parmi les résidents d’EHPAD par l’étude exhaustive des données issues du dossier médical et des transmissions infirmières, bien plus riches que pour des personnes non-institutionnalisées