Thèse soutenue

Exil et identité dans l'oeuvre de Naïm Kattan

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Auteur / Autrice : Eric Hocquette
Direction : Françoise Saquer-SabinJean-Christophe Delmeule
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue et littérature hebraiques
Date : Soutenance le 11/10/2019
Etablissement(s) : Université de Lille (2018-2021)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Lille ; 2006-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études en civilisations, langues et littératures étrangères (Villeneuve-d'Ascq, Nord)
Jury : Président / Présidente : Bruno Blanckeman
Examinateurs / Examinatrices : Françoise Saquer-Sabin, Jean-Christophe Delmeule, Bruno Blanckeman, Michèle Tauber, Guy Dugas
Rapporteur / Rapporteuse : Michèle Tauber, Guy Dugas

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Parcours atypique, vie extraordinaire au sens premier du terme, c'est ce que l'on pourrait dire lorsque l'on parle de cet écrivain canadien, surtout connu en France pour son roman Adieu Babylone. Ce roman autobiographique rédigé en 1975 retrace la jeunesse de ce garçon né à Bagdad en 1928 et qui grandira pour devenir un jeune homme fier de son pays, de ses origines, de sa langue. Mais qui sera également un amoureux des mots, de la littérature tant arabe qu'occidentale (et en particulier française). Après avoir obtenu une bourse d'études pour aller étudier en France de 1947 à 1951, il n'a pas pris un chemin retour vers son Orient natal ni vers le jeune État d'Israël où se trouvait sa famille. Il est parti pour le Canada en 1954 pour s'y installer définitivement. Auteur prolifique, peu connu du public français, Naïm Kattan est l’auteur d'une quarantaine d'ouvrages : de nombreux romans, des nouvelles, ainsi que des essais. Il a également écrit des pièces de théâtre. Auteur connu et reconnu en particulier au Canada, son pays d'adoption et de cœur, il est distingué plusieurs fois par ses pairs. Son parcours littéraire et son ascension dans « l'échelle sociale » du cercle littéraire de son pays d'adoption, ainsi que son travail pour la valorisation des lettres canadiennes, qu'elles soient francophones ou anglophones, montrent l'amour que porte cet homme aux mots, à la littérature. C'est un défenseur du verbe, des belles lettres, car il a un rapport particulier avec le mot, un rapport qui se rapproche de la « sacralité ». Rapport particulier qu'il doit à sa culture, ses origines, son lien avec la religion. Les premières lectures que j'ai pu faire de cet auteur montrent l'incroyable modernité des thèmes abordés, dont un grand nombre traitent de sujets d'actualités parfois « brûlants », tant en France que dans le monde : exil, identité, la force du langage, le rapport à l'Autre ... Naïm Kattan de ce fait comme un écrivain sociologue, un comportementaliste dans la mesure où il aborde l'être humain sous tous ses angles, dans ses relations, son comportement face à autrui, son rapport à la vie au quotidien, au monde. Fait remarquable dans l'écriture kattanienne, c'est cet usage quasi obsessionnel de la dualité. La vie de cet écrivain est elle-même empreinte de cette dualité comme en témoigne son choix (conscient ou non) de vivre dans un pays traversé par la dualité francophone/anglophone. Dualité dans la forme (dualité des personnages, rapport avec l'autre, relation entre le masculin et le féminin, relation Orient/Occident …), mais également dualité dans le fond (structure même d'une œuvre, structure d'un chapitre, alternance passé/présent …) qui reviennent de façon régulière. Comment comprendre cette quasi obsession de mettre en avant une dualité ? Que se cache-t-il derrière cette dualité toujours mise en avant par l’auteur ? Naïm Kattan joue un rôle de rassembleur, de pont entre les individus quelles que soient leurs origines, religions, cultures. Il passe outre les différences et tente de montrer qu'elles ne sont pas un handicap au bonheur mais un atout, une richesse. Le noyau central de cette thèse s’appuiera sur l’intégralité des romans et nouvelles de l'œuvre de Naïm Kattan. Je tâcherai d'analyser les deux thèmes centraux que sont l'exil et l'identité pour répondre à cette problématique : comment Naïm Kattan, avec son statut d'exilé, perçoit-il, à travers son expérience, à travers l'expérience d'autres personnes proches ou lointaines, le phénomène d'exil ? Quelles sont les réactions psychiques et physiques face aux nouvelles influences extérieures, qui sont, pour la plupart du temps, agressives en raison du déracinement physique et culturel (nouvel environnement, nouveau langage, nouvelle culture …) ? Quelles sont les différentes « solutions », les différentes attitudes face à cet état de fait qui, par une globalisation et une interconnexion accrue des différentes sociétés, devient un phénomène courant ?