Thèse soutenue

Gouverner la biodiversité par le marché. L'État, les cabinets de conseil et la compensation écologique

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Auteur / Autrice : Rémy Petitimbert
Direction : Pierre MathiotBruno Villalba
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 20/11/2019
Etablissement(s) : Université de Lille (2018-2021)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des Sciences Juridiques, Politiques et de Gestion (Lille ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études et de recherches administratives politiques et sociales (Lille)

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Les évolutions de l’action publique de ces quarante dernières années, regroupées sous la dénomination de New Public Management (Hood, 1991), ont amené les acteurs privés du conseil à jouer un rôle de plus en plus conséquent dans la mise en oeuvre des politiques publiques (Dreyfus, 2010). Ces acteurs, experts professionnels (Boussard, Demazière et al., 2011) participent à la définition de la compensation écologique comme problème public et des manières de la mettre en oeuvre. Son cadrage découle alors de la rencontre entre ces consultants professionnels et un contexte de performance (Jany-Catrice, 2012) et se révèle dans les attentes de l’action publique, au sein des textes règlementaires (Smith, 2007) ou de la commande publique (Nonjon, 2006). Les services de l’État mobilisent ainsi le marché comme un instrument politique (Ansaloni, Smith, 2014 ; Ansaloni, 2017 ; Ansaloni, Smith, 2017) et délèguent les évaluations écologiques et la mise enoeuvre de la compensation aux cabinets de conseil tout en maintenant un contrôle sur leur activité. L’État légitime en conséquence l’activité des cabinets de conseils. C’est ce que permet de montrer cette thèse, à partir d’une enquête en immersion, pendant quatre ans, au sein d’un cabinet de conseil et d’entretiens auprès des aménageurs et des services de l’État. La compensation ainsi définie au sein de l’action publique illustre et reflète le postulat selon lequel le vivant est substituable par la main de l’homme et que sa valeur s’appréhende à partir d’une relation aux sociétés humaines. Elle incarne une perception et des valeurs issues d’un cadrage utilitariste et anthropocentré, véhiculé par les consultants. La compensation a ainsi un coût et une valeur économique exprimés par la monnaie, unité socialement construite. La réhabilitation de la biodiversité deviendrait ainsi un objet produit pour la vente sur un marché dédié : une « marchandise fictive » (Polanyi, 1983). Ainsi absorbée dans le marché, la biodiversité se voit conférer une valeur d’usage et unevaleur d’échange. Or, la biodiversité est ontologiquement une « donnée ». Cette thèse questionne ainsi finalement la valeur de la nature institutionnalisée par le marché dès lors qu’il devient une norme de gouvernement