Thèse soutenue

Vieillir et se nourrir : dynamiques des pratiques alimentaires en foyer-logement
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Auteur / Autrice : Agathe Zuddas
Direction : Vincent CaradecPhilippe Cardon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 18/12/2019
Etablissement(s) : Université de Lille (2018-2021)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences économiques, sociales, de l'aménagement et du management (Villeneuve d'Ascq)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherches "Individus, Épreuves, Sociétés" (Villeneuve d'Ascq, Nord)

Résumé

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Dans un contexte général de réduction des dépenses publiques en termes d’aides sociales et de soins médicaux aux vieilles personnes, l’alimentation des personnes âgées porte la responsabilité de les aider à « bien vieillir » selon qu’elle est plus ou moins conforme aux recommandations nutritionnelles des politiques publiques de santé. Ainsi les foyers-logements, destinés aux vieilles personnes dites « autonomes », proposent des logements privés assortis de services, dont les plus répandus sont la restauration collective et les aides à l’approvisionnement. Cette recherche s’intéresse aux évolutions des pratiques alimentaires des personnes résidant en foyer-logement, au fil de leur avancée en âge dans ces établissements. Elle pose la question des effets de ce contexte spécifique, sur l’ensemble des dimensions des pratiques alimentaires. Plus particulièrement, elle pose trois hypothèses : d’une part, le contexte des foyers-logements a un effet propre sur les pratiques alimentaires parce qu’il propose des supports dont les personnes peuvent se saisir au fur et à mesure que des difficultés liées à l’âge apparaissent. D’autre part, ce contexte affecte de manière spécifique les pratiques alimentaires des résidents du fait que les professionnels s’appuient sur l’alimentation pour transmettre et diffuser des normes de santé publique sur les questions de vieillissement. Enfin, les inégalités des parcours biographiques et de contextes de vie présents des résidents font varier leurs possibilités de saisir les ressources présentes dans leur environnement institutionnel de vie, afin de maintenir leurs pratiques alimentaires. L’enquête de terrain a duré six mois en tout, permettant de collecter une trentaine d’entretiens semi-directifs avec des résidents, des photographies de leurs cuisines, une dizaine d’entretiens avec des employés des établissements, une vingtaine de journées d’observation et d’observation participante dans les espaces collectifs. Elle a porté sur les pratiques alimentaires des personnes, les caractéristiques individuelles, leurs vies quotidiennes et les spécificités concrètes du contexte du foyer-logement. Les résultats sont organisés autour de trois enjeux principaux liés aux pratiques alimentaires des résidents des foyers-logements. Le premier enjeu est celui d’une tension entre l’autonomie fonctionnelle et l’indépendance décisionnelle des résidents. L’institution ne peut maintenir son statut que si ses résidents se maintiennent en autonomie fonctionnelle. De ce fait, elle surveille les états de santé des résidents, tandis que ces derniers développent diverses stratégies face à cette surveillance, entre résistance et soumission. Le deuxième enjeu porte sur la lutte contre l’isolement, pensé comme vecteur d’un mal vieillir, les politiques publiques de santé considérant l’alimentation comme un vecteur d’intégration sociale privilégié. L’analyse montre que si les établissements mettent en œuvre des stratégies pour atteindre cet objectif, de leurs côtés, les résidents réagissent diversement à ces tentatives, mais développent leurs propres manières d’utiliser l’alimentation et les pratiques alimentaires pour créer ou maintenir des liens sociaux de divers ordres, des liens faibles aux plus électifs. Le dernier chapitre démontre que les pratiques alimentaires évoluent en fonction du contexte de chaque personne au fil de son vieillissement. Si l’autonomie est la préoccupation majeure des politiques de santé, pour les vieilles personnes, leur identité représente un enjeu plus crucial. Il s’agit pour elles de décider de leurs pratiques alimentaires, malgré les contraintes liées à leur avancée en page et leur contexte de vie, en adéquation avec le travail d’ajustement identitaire que constitue l’emménagement en foyer-logement.