Thèse soutenue

Écologie alimentaire des oiseaux marins nichant en hiver en Nouvelle-Zélande

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Auteur / Autrice : Timothée Poupart
Direction : John ArnouldCharles-André Bost
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie de l'environnement, des populations, écologie
Date : Soutenance le 05/11/2019
Etablissement(s) : La Rochelle en cotutelle avec Deakin university (Geelong, Australie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Euclide (La Rochelle ; 2018-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études biologiques de Chizé - CEBC
Jury : Président / Présidente : Yan Ropert-Coudert
Examinateurs / Examinatrices : John Arnould, Charles-André Bost, Yan Ropert-Coudert, Thierry Boulinier, Mark Jessopp, Jérôme Fort, Pierre Pistorius
Rapporteurs / Rapporteuses : Thierry Boulinier, Mark Jessopp

Résumé

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Bien que le coût énergétique de la reproduction contraigne les animaux à élever leur(s) jeune(s) pendant le pic d’abondance de ressource alimentaire au printemps et/ou en été, certaines espèces font exception en se reproduisant en hiver. Comment leurs besoins énergétiques élevés peuvent-ils être satisfaits pendant une période traditionnellement décrite par des conditions environnementales difficiles réduisant les ressources alimentaires ? Cette question a été peu étudiée jusqu’à présent. Cette stratégie originale de reproduction hivernale est adoptée par davantage d’espèces d’oiseaux marins en Nouvelle-Zélande qu’ailleurs dans le monde, avec une concentration sur la côte ouest de l’île du Sud. Dans ce contexte, cette thèse a eu trois objectifs. Tout d’abord, décrire le comportement de recherche alimentaire à fine échelle d’espèces d’oiseaux marins nicheuses en hiver clés du réseau trophique, sur la côte ouest de l’ile du Sud de la Nouvelle-Zélande. Ensuite, examiner les facteurs intrinsèques et extrinsèques déterminant leur comportement. Enfin, quantifier le recouvrement de leurs niches écologiques sur leur zone d’alimentation durant la période d’élevage du(des) jeune(s). Nous avons étudié la stratégie de recherche alimentaire sur une communauté d’espèces constituée de deux guildes : les oiseaux plongeurs (manchot du Fiordland Eudyptes pachyrhynchus) et de surface (pétrel de Westland Procellaria westlandica, albatros de Buller Thalassarche bulleri bulleri). L’approche s’est basée sur le déploiement de bio-loggers sur ces oiseaux (GPS, accéléromètre, enregistreur de plongée) et l’analyse isotopique (carbone, azote) de sang prélevé après leur voyage en mer. Les individus équipés se sont moins éloignés de leur colonie que leurs espèces congénères nichant en été, en utilisant majoritairement les eaux du talus continental et néritiques. Mâles et femelles ont eu des comportements de recherche alimentaire semblables, avec des différences spatiales concernant l’albatros de Buller. Des taux de rencontre de proies élevés ont été enregistrés chez les trois espèces, permettant un élevage du(des) jeune(s) avec un taux de succès élevé, et sans effort supérieur par rapport aux espèces nichant en été. Ces résultats suggèrent que les oiseaux marins nichant en hiver sur l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande ont une phénologie de reproduction concordant avec des ressources alimentaires hivernales locales suffisantes. Des données supplémentaires issues de la littérature ont permis d’inclure le manchot bleu Eudyptula minor et le Cormoran tacheté Stictocarbo punctatus (espèces nichant aussi en hiver sur la même côte) dans l’étude de ségrégation de niche écologique. Cette communauté a montré un recoupement partiel de leur niche écologique, mais aussi un faisceau de divergences sur le plan des déplacements horizontaux, verticaux, de la distribution temporelle de l’activité de recherche alimentaire, du régime alimentaire et de la niche isotopique. Cette ségrégation écologique explique la coexistence de cette communauté avienne dans un même habitat. Par conséquent, la stratégie de reproduction hivernale peut être favorable aux oiseaux marins prédateurs supérieurs, lorsque des processus océanographiques locaux sont favorables. Sur le plan océanographique, un mélange vertical des eaux attire et garantit la persistance de proies au cours de l’hiver. En outre, la phénologie hivernale de la reproduction contribue aussi à l’émancipation du poussin au printemps. Ainsi, elle concorde avec le pic local de productivité primaire, en accord avec les prédictions. Ces espèces présentes en populations modestes, peuvent ainsi terminer leur cycle de reproduction hivernal avant que d’autres espèces beaucoup plus abondantes (comme les millions de Puffin fuligineux Puffinus griseus) rentrent de migration et s’engagent à leur tour dans leur reproduction estivale.