Thèse soutenue

L'esprit de Numance : mythes obsidionaux et constructions nationales en Espagne, 1808-1958

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Auteur / Autrice : Hervé Siou
Direction : Jean-François ChanetJean-Philippe Luis
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 23/11/2019
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Sciences Po (Paris ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'histoire de Sciences Po (Paris)
Jury : Président / Présidente : Manuelle Peloille
Examinateurs / Examinatrices : Jean-François Chanet, Jean-Philippe Luis, Stéphane Michonneau, Pedro Rújula López, Geneviève Verdo
Rapporteurs / Rapporteuses : Manuelle Peloille, Stéphane Michonneau

Résumé

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Les sièges militaires jouent un rôle important dans le récit national espagnol. Si les sièges antiques de Numance et de Sagonte sont des épisodes fondateurs, l'exploitation des mythes obsidionaux s'accroît considérablement à partir de la guerre d'Indépendance. Les sièges de Saragosse (1808-1809) par les troupes françaises sont exaltés au point de devenir un événement révélateur de l'identité ibérique : par cette défaite glorieuse, les Espagnols auraient montré leur attachement à la liberté et fait preuve d'un sens inné du sacrifice. Ce discours construit par les élites au moment du siège afin de faciliter le consentement à la mort des assiégés se révèle également efficace par la suite : il est placé au cœur du récit national établi sous la monarchie isabelline et, dans la seconde moitié du XIXe siècle, son exemple est aussi bien repris par les libéraux que par les républicains ou les conservateurs. Il est également réinvesti à différentes échelles, aussi bien locale, régionale que nationale. Au bout du compte, le mythe saragossain est à l’origine d’une véritable mythologie obsidionale : l'exaltation du siège de 1714 par les nationalistes catalans ou encore celle des libéraux de Bilbao commémorant les victoires face aux carlistes (1835-1836 et 1874) peuvent être considérées comme des « variations » sur le thème de la résistance obsidionale. À partir de corpus de sources variées (presse, littérature, peinture, archives municipales, fonds privés), cette thèse s’emploie à retracer l’évolution du mythe des sièges de Saragosse entre 1808 et 1958 ainsi que celle de ces « variations ». Elle entend ériger la mythologie obsidionale en un observatoire des constructions communautaires en Espagne.