La reprogrammation de cellules gliales en neurones GABAergiques : une nouvelle approche thérapeutique de l'épilepsie
Auteur / Autrice : | Célia Lentini |
Direction : | Antoine Depaulis |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Neurosciences - Neurobiologie |
Date : | Soutenance le 17/12/2019 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale chimie et science du vivant (Grenoble ; 199.-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut des neurosciences de Grenoble (Isère, France ; 2007-....) |
Jury : | Président / Présidente : Rémy Sadoul |
Examinateurs / Examinatrices : Antoine Depaulis, Benedikt Berninger, Philippe Kahane | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Claire Rampon, Sergio Gascón |
Mots clés
Résumé
La conversion de cellules non-neuronales en nouveaux neurones par reprogrammation cellulaire émerge comme une stratégie innovante pour régénérer les neurones perdus dans de nombreuses pathologies cérébrales. En effet plusieurs études ont précédemment montré que les cellules gliales peuvent être reprogrammées en neurones fonctionnels par expression forcée de facteurs neurogéniques. Le challenge est désormais de montrer, dans un contexte physiopathologique, que ces neurones induits s’intègrent dans les réseaux neuronaux existants et contribuent à restaurer les fonctions perdues. Nous avons choisi d’explorer ce potentiel thérapeutique des neurones issus de reprogrammation dans le contexte de l’épilepsie de la face mésiale du lobe temporal (ou EMLT) qui est la forme la plus courante des épilepsies résistantes aux traitements médicamenteux. Ce syndrome est associé à une perte de neurones GABAergiques dans l’hippocampe qui contribue à l’augmentation de l’excitabilité neuronale responsable des crises. La plupart des caractéristiques de l’EMLT peuvent être reproduites chez la souris par l’injection intrahippocampique de kainate qui déclenche une perte neuronale associée à la survenue de crises spontanées et récurrentes dans l’hippocampe.Nous avons dans un premier temps identifié in vitro les facteurs neurogéniques capables d’induire une reprogrammation efficace des cellules gliales en neurones GABAergiques inhibiteurs matures. Un challenge majeur a été ensuite de transposer ces résultats obtenus in vitro dans l’hippocampe de la souris EMLT. Nous avons montré que les cellules gliales qui expriment les facteurs de reprogrammation et sont transplantées dans l’hippocampe au cours de l’épileptogénèse, sont efficacement reprogrammées in vivo en neurones induits se différenciant en neurones GABAergiques. Par ailleurs, nous avons mis en évidence l’intégration sans précédent de ces neurones inhibiteurs induits au sein des réseaux hippocampiques du cerveau épileptique, en utilisant une méthode récente de traçage monosynaptique rétrograde à l’aide d’un virus désactivé et pseudo-typé de la rage. En effet ces nouveaux neurones GABAergiques sont massivement contactés par les neurones endogènes mais étendent eux aussi des axones contactant les cellules granulaires du gyrus dentelé, que nous avons préalablement identifiées comme étant les cellules à inhiber dans l’hippocampe épileptique. Finalement, les enregistrements électroencéphalographiques intra-hippocampiques ont révélé une réduction drastique des crises épileptiques sévères médiée par les neurones induits chez les souris EMLT greffées. Remarquablement l’activation ciblée des neurones induits (technologie DREADD) supprime totalement l’activité épileptique.Ces travaux de thèse montrent que les neurones GABAergiques dérivés d’astrocytes sont capables de restaurer l’inhibition GABAergique perdue dans l’épilepsie, permettant ainsi de réduire l’activité de crises. Plus généralement, nous montrons pour la première fois de manière spécifique le plein potentiel des neurones induits dans un contexte pathologique en ayant généré efficacement des neurones induits (i) de même phénotype que les neurones perdus, (ii) capables de s’intégrer pleinement en contactant les bonnes cibles cellulaires et (iii) capables de restaurer les fonctions perdues. Ainsi la conversion des glies en neurones pourrait avoir des implications majeures pour de nombreuses pathologies du système nerveux central associées à une perte neuronale.