S'installer et vivre dans les hautes vallées alpines : des trajectoires de vie entre attractivité et capacité d'adaptation des territoires
Auteur / Autrice : | Anne Barrioz |
Direction : | Christophe Gauchon, Lionel Laslaz |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Géographie |
Date : | Soutenance le 03/07/2019 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences et ingénierie des systèmes, de l'environnement et des organisations (Chambéry ; 2007-2021) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Environnements, dynamiques et territoires de la montagne (Le Bourget du Lac, Savoie) |
Jury : | Président / Présidente : Pascal Chevalier |
Examinateurs / Examinatrices : François Taulelle, Philippe Bourdeau, Frédéric Richard | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Rodolphe Dodier, François Taulelle |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
L’objectif de cette thèse est de comprendre, par l’analyse des trajectoires résidentielles et des migrations vers des hautes vallées alpines françaises, l’attractivité de confins montagnards enclins à certaines formes d’isolement, voire de marginalité, et qui pourtant attirent des habitants. Entre aspirations collectives et représentations individuelles, les choix de vie questionnent les politiques publiques menées en faveur de l’accueil et du maintien des populations et interrogent le développement territorial et la recomposition de ces espaces sous influence touristique.Questionner le fait de s’installer dans un espace isolé pourrait constituer un paradoxe mais il est ici le centre de la réflexion qui s’appuie sur quatre hypothèses. La première concerne les migrations et notamment celles d’agrément qui semblent s’étendre à ce contexte d’espaces isolés de montagne encore peu étudié. Pour valider ou non cette hypothèse, il s’agit de comprendre les trajectoires et les choix de vie de ces habitants, mais aussi les spécificités qui rendent les vallées attractives, ou finalement répulsives, pour certains. La deuxième hypothèse repose sur la place du cadre et de la qualité de vie comme éléments moteurs de l’installation. Les modes de vie actuels et les évolutions récentes de la société (mobilité, place de l’emploi, structures familiales et individualisme, etc.) permettent d’apporter de nouveaux éléments de réflexion, comme le rapport sensible à l’espace. La troisième hypothèse questionne l’existence d’un gradient d'attractivité des hautes vallées, influencées par une conjonction de dynamiques politiques et économiques multiples qui favoriseraient l’attractivité et la pérennité. Au gré de la prise en compte des difficultés démographiques et économiques locales, les terrains sélectionnés ne sont pas nécessairement comparés mais intégrés à la réflexion dans le but de dégager les spécificités, les réussites et les fragilités de chacun. La quatrième hypothèse interroge ces territoires au regard de l’influence touristique. Bien que les hautes vallées alpines sélectionnées soient plus ou moins à la marge des grands flux touristiques, l’évolution de cette économie sur laquelle elles reposent de plus en plus a dû être intégrée à la réflexion. De nouvelles formes de résidentialité tendent à se développer, ce qui amène à confronter les enjeux du tourisme et de la vie à l’année (usages de l’espace, économie, logement, accès aux services, etc.).Cette thèse s’appuie sur un travail principalement empirique. Huit terrains d’étude ont été sélectionnés en fonction de critères précis comme le temps d’accès aux services d’usage de la vie courante. Cinq vallées ont fait l’objet d’enquêtes auprès d’un panel large d’acteurs, incluant les habitants : Haut-Giffre (Haute-Savoie), Beaufortain, Haute-Maurienne (Savoie), Queyras (Hautes-Alpes) et Haute-Ubaye (Alpes-de-Haute-Provence). Trois autres vallées ont permis de compléter la réflexion consacrée aux politiques publiques : Valbonnais (Isère), Valgaudemar (Hautes-Alpes) et Haute-Tinée (Alpes-Maritimes).Les résultats de cette thèse permettent de comprendre les dynamiques résidentielles des hautes vallées alpines en considérant l’espace montagnard comme un facteur à part entière dans le processus d’installation, que ce soit en termes de motivations comme de contraintes. Il ressort néanmoins que la marginalité et l’attractivité de ces confins, tout comme la pérennité des installations, se distinguent selon une série d’éléments qui peuvent largement différer selon les vallées (accès aux services publics, de santé, aux commerces, au logement, au marché de l’emploi, mobilités, vie locale et intégration, etc.). Ainsi, l’enjeu du maintien de la population pour ces territoires dépend également de la capacité d’adaptation des acteurs (habitants, acteurs politiques, associatifs) à dynamiser ces espaces de vie à l’année