Thèse soutenue

Les mouvements pour le panjabi à Lahore entre 1947 et 1960

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Auteur / Autrice : Julien-Régis Columeau
Direction : Michel Boivin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et civilisations
Date : Soutenance le 21/10/2019
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Gisèle Sapiro
Examinateurs / Examinatrices : Gisèle Sapiro, Jean-François Courouau, Delphine Ortis
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-François Courouau, Denis Matringe

Mots clés

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Résumé

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Le panjabi, en tous ses dialectes, est une langue indo-aryenne lointainement issue du sanskrit comme le français l’est du latin et parlée aujourd’hui par plus de 108 millions de locuteurs au Pakistan et par plus de 42 millions en Inde. Cette répartition résulte de la partition de l’Inde britannique en 1947 entre l’Union indienne (ou, plus simplement, l’Inde) et le Pakistan, qui vit la province du Panjab – dont le nom, les « cinq eaux » en persan, renvoie aux cinq grands affluents de rive gauche de l’Indus – divisée selon une ligne de partage attribuant au Pakistan les districts à majorité musulmane et à l’Inde les districts à majorité hindoue ou sikhe. Du côté indien, en 1966, le nouvel État province du Panjab, linguistiquement composite, fut à la suite d’un long mouvement d’agitation des sikhs, divisée en trois États de l’Union, dont le Panjab avec pour langue officielle le panjabi. Du côté pakistanais, le Panjab devint l’une des provinces du nouveau pays. Mais les gouvernements pakistanais successifs ont établi l’ourdou comme langue officielle du Pakistan et du Panjab, sans jamais reconnaître au panjabi le moindre statut officiel dans la province où il est parlé comme langue maternelle par la quasi-totalité de la population. Or il existe en panjabi une riche et diverse littérature dont les premières attestations remontent au 16e siècle. Toute une partie de cette littérature s’est développée en contexte musulman et en écriture arabe adaptée, et elle forme l’héritage littéraire des Panjabis pakistanais. Une telle situation a très vite généré des tensions au Pakistan, des intellectuels panjabis réclamant un statut pour leur langue dans un pays où les tensions sociales et politiques ont toujours été très vives et où la démocratie a toujours été menacée par une armée toute puissante et des forces islamistes très actives. C’est ce que les chercheurs ont appellé le mouvement panjabi, et notre thèse porte sur les débuts de ce mouvement, jusqu’en 1960. Notre thèse se présente en deux grandes parties. La première est consacrée au contexte dans lequel est né le mouvement panjabi : politique linguistique d’imposition de l’ourdou d’une part, et mouvements linguistiques nés en réaction à ladite politique d’autre part, dans les autres provinces de ce qu’était le Pakistan d’avant la sécession de son aile orientale, devenue le Bangladesh, et au Panjab, à propos duquel est retracée l’histoire du début des mouvements de défense et de diffusion du panjabi. La deuxième partie, qui relève autant de l’histoire sociale que de l’histoire culturelle, commence par caractériser le champ intellectuel de Lahore, capitale politique et intellectuelle du Panjab pakistanais. Dans ce champ, nous identifions trois groupes agissant pour la promotion du panjabi, que nous appellons respectivement traditionaliste, marxiste et moderniste. Nous avons procédé à l’histoire de chacun de ces groupes jusqu’en 1960, présentant et étudiant ses activités et sa production littéraire ainsi que son discours et le profil social de ses membres et caractérisant sa stratégie et son impact.