Thèse soutenue

Le voile intégral en perspective : France, 2008-2019

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Auteur / Autrice : Agnès de Féo
Direction : Michel Wieviorka
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 09/12/2019
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Nilüfer Göle
Examinateurs / Examinatrices : Nilüfer Göle, Jean Baubérot, Raphaël Liogier, Farhad Khosrokhavar, Alain Policar
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean Baubérot, Raphaël Liogier

Résumé

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La présente thèse porte sur un phénomène féminin contemporain : le voilement du visage chez des musulmanes françaises, entre octobre 2008 et 2019, année qui marque la fin de l’État islamique en Syrie. Ce travail se veut à la fois textuel et visuel. Il commence par une recherche des occurrences du voilement du visage dans la culture occidentale, notamment dans la tradition monacale catholique, ainsi que dans les différentes cultures musulmanes, qui servent aujourd’hui de référence au revivalisme symbolique d’un islam des origines. La compilation des occurrences du voilement du visage se poursuit par un recensement des productions culturelles et artistiques, ainsi que des différentes tendances de la modernité comme le zentaï et le facekini.Cette étude a été réalisée en temps réel en suivant l’apparition d’un phénomène en lien avec sa médiatisation autour de son interdiction en 2010. Le but est d’appréhender une manifestation de la religiosité visible sous un angle inédit : non pas comme un simple fait religieux, mais comme une expression de la modernité, une transgression par rapport au voile traditionnel et au consensus laïc de la société française, perçue comme éradicatrice de l’expression identitaire musulmane. Le niqab est une réaction d’opposition, et non la résurgence d’une culture d’origine. Il est aussi un outil subversif d’une partie de la population française qui trouve dans l’islam visible une manière de s’affranchir de l’autorité étatique, notamment depuis que ses manifestations font l’objet d’un fort rejet populaire. Sans oublier des motifs plus prosaïques qui poussent certaines femmes à s’isoler de la société pour se protéger d’une masculinité envahissante.Ce travail cherche à appréhender un phénomène largement fantasmé, au moyen d’une recherche empirique auprès de plus de deux cents femmes portant le niqab enrichie d’entretiens suivis sur une décennie. La caméra m’a permis de fixer leur discours et de réaliser cinq documentaires qui servent de références à la démonstration.