Thèse soutenue

Un salariat à bas coût. Le travail dans une enseigne low-cost de bricolage

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Auteur / Autrice : Cyrine Gardes
Direction : Bénédicte ZimmermannSophie Bernard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la société
Date : Soutenance le 17/06/2019
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Cédric Lomba
Examinateurs / Examinatrices : Cédric Lomba, Paul Bouffartigue, Franck Cochoy, Valérie Boussard, Marie Cartier
Rapporteurs / Rapporteuses : Paul Bouffartigue, Franck Cochoy

Mots clés

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Résumé

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La crise du pouvoir d'achat, d'une brûlante actualité, a contribué à l'émergence et au succès, dans de nombreux secteurs de l'économie (distribution alimentaire, de bricolage, transport aérien, ferroviaire, etc), d'enseignes rassemblées sous le vocable de « low-cost » et dépeintes comme des innovations commerciales singulières, de par leurs faibles marges, leurs gammes et/ou leurs services réduits, et plus largement, leurs bas coûts. Ce modèle économique, jamais étudié jusqu'ici en sociologie, est l'objet de cette thèse. Elle s'inscrit dans une volonté de documenter les différentes formes prises par le capitalisme et l'exploitation en contexte de crises, ainsi que leurs effets sur le salariat. Le travail constitue l'entrée majeure de notre analyse, que nous abordons à partir d'une enquête ethnographique réalisée dans deux magasins-entrepôts d'une enseigne low-cost de bricolage, que nous appellerons Bricostock. Nous montrons que l'activité, qui présente des parentés avec d'autres modèles productifs, s'y caractérise par la gestion simultanée d'un flux massif de marchandises, avec une rotation accélérée des stocks, et d'un flux de clientèle, avec qui les interactions doivent être comprimées. La polyvalence entre activités, mais aussi entre rayons, est généralisée et permet une réduction considérable des effectifs par rapport aux enseignes classiques. Par la suite, nous montrons que l'organisation repose sur le travail de salarié.e.s aux caractéristiques sociales spécifiques : hiérarchiques comme subalternes y sont moins bien doté.e.s que dans d'autres entreprises et plus prompt.e.s à en accepter les conditions. Enfin, dans l'optique d'une sociologie attentive aux dynamiques de structuration des collectifs, nous mettons au jour différentes configurations de relations sociales en entrepôt. Loin d'être annihilés par les conditions de travail et d'emploi, les groupes de pairs existent et se construisent selon différents principes de division et de cohésion. Nous montrons en quelles situations ceux-ci sont pertinents pour les actrices et les acteurs, ou au contraire, effacés au profit d'autres : si, par exemple, le masculin est dominant dans l'organisation et dans le groupe de pairs (83 % d'hommes vendeurs en 2016, un des taux les plus élevés du secteur, que l'on impute aux impératifs de manutention), il existe des sociabilités mixtes basées sur l'ancienneté, l'âge, le partage du métier ou les adversaires communs que sont les chef.fe.s. La thèse s'intéresse donc à la façon dont se reproduisent ou se transforment les rapports sociaux dans le travail low-cost, ainsi qu'aux formes diffuses que prend la conflictualité dans de telles organisations.