L’État en débat dans la pensée française (1947-1991) : sa rationalité, son origine, son espace
Auteur / Autrice : | Danilo Scholz |
Direction : | Perrine Simon-Nahum |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire et civilisations |
Date : | Soutenance le 15/04/2019 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Jury : | Président / Présidente : Judith Revel |
Examinateurs / Examinatrices : Judith Revel, Jean-Claude Monod, Frédéric Brahami, Guillaume Sibertin-Blanc, Frédéric Worms | |
Rapporteur / Rapporteuse : Judith Revel, Jean-Claude Monod |
Résumé
Cette thèse en histoire intellectuelle s’efforce de mettre au jour les concepts et les critiques de l’État qui surgissent dans la pensée française au cours de la deuxième moitié du XXe siècle. Elle procède à une mise en constellation des penseurs qui ont abordé le phénomène étatique. Dans un premier temps, elle montre comment, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, des philosophes comme Éric Weil et Alexandre Kojève situent l’État au cœur de la pensée politique, au point de le faire coïncider avec la rationalité tout court. Dans un deuxième temps, ce travail s’attache à montrer comment l’essor du néo-hégélianisme, qui décrit l’État comme une force émancipatrice, subit des attaques prolongées dans les années 1960 et 1970. L’ethnologie de Pierre Clastres soulève des questions sur l’origine de l’État, dans le but de mettre en cause à la fois l’impensé d’une conceptualisation du politique entièrement axée sur l’État et l’approche marxiste qui fait dériver l’émergence de l’appareil étatique du développement des forces économiques. Il s’agit aussi de retracer la manière dont les intuitions de Clastres sont reprises et prolongées dans les écrits de Gilles Deleuze et de Félix Guattari d’une part, et de Marcel Gauchet d’autre part. Enfin, les géographes, sous l’impulsion d’Yves Lacoste et de la revue Hérodote, se tournent vers une analyse critique de l’espace de l’État. De même, des hellénistes comme Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet étudient la constitution d’un espace civique. Il devient ainsi possible de délimiter les contours d’un tournant spatial de la philosophie française.