Les paysages de la migration colombienne a Paris. Espaces traversés, espaces d'attente, espaces habités
Auteur / Autrice : | Marcia Carolina Ardila Sierra |
Direction : | Jean-Pierre Hassoun |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Territoires, sociétés, développement |
Date : | Soutenance le 16/01/2019 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Jury : | Président / Présidente : Thierry Lulle |
Examinateurs / Examinatrices : Thierry Lulle, Françoise Lestage, Susanna Magri, Constance de Gourcy, Nancy L. Green | |
Rapporteur / Rapporteuse : Françoise Lestage, Susanna Magri |
Mots clés
Résumé
Cette recherche s’intéresse plus particulièrement aux espaces traversés, aux espaces d’attente, et aux espaces habités par des hommes et des femmes colombiens au cours de leur voyage migratoire vers la France et une fois qu’ils sont à Paris. La thèse repose sur une enquête ethnographique réalisée entre 2009 et 2014 en France et en Colombie. Cette enquête multi située a mis en évidence que les circulations des migrants partis de Colombie peuvent être fragmentées et interrompues ; leurs trajectoires ne sont pas linéaires et fluides. Elles sont faites de ruptures, de bifurcations et d’attentes qui échappent au contrôle des acteurs. La recherche montre que face aux contraintes externes dont ils sont dépendants, les pratiques de « débrouille » individuelles et collectives elles-mêmes imbriquées à des réseaux sociaux transnationaux, facilitent la circulation d’un pays vers l’autre et la réorientation des projets migratoires. Ces réseaux sont surtout familiaux, mais pas exclusivement. Ils peuvent être constitués d’étudiants de troisième cycle comme de réfugiés, de passeurs (« tramitadores ») ou de voyageurs qui cherchent à traverser les frontières et se rapprochent de manière aléatoire et ponctuelle (dans une zone d’attente ; dans un foyer à Paris). Les enquêtes ont montré également que les représentations et les pratiques sociales des migrants entraînent des mutations éphémères ou durables des espaces parisiens où ils se retrouvent selon des modalités diverses. La culture culinaire, par exemple, qui est à la base d’une économie formelle et informelle, se matérialise dans des espaces urbains quotidiens (restaurants et épiceries du quartier Père Lachaise ou des Batignolles), ainsi que dans des lieux où se déroulent des événements sporadiques (célébrations politiques, rencontres sportives au bois de Vincennes). Les analyses confirment le rôle notable que jouent les migrants dans les transformations morphologiques d’un quartier, la tonalité d’une rue ou dans la finalité d’un lieu de loisir ; de ce point de vue l’anthropologue peut les considérer comme les architectes de leurs paysages migratoires.