Thèse soutenue

Radiothérapie interne du mélanome métastatique pigmenté : mécanismes et associations

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Auteur / Autrice : Jacques Rouanet
Direction : Françoise DegoulMichel d' Incan
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie Santé
Date : Soutenance le 20/11/2019
Etablissement(s) : Université Clermont Auvergne‎ (2017-2020)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des sciences de la vie, santé, agronomie, environnement (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Imagerie Moléculaire et Stratégies Théranostiques
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Marie-Thérèse Leccia, Sandrine Mansard, Jean-Luc Perrot, Paul Rouzaire
Rapporteurs / Rapporteuses : Françoise Kraeber-Bodéré, Thierry Passeron

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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La radiothérapie interne vectorisée ou RIV consiste à adresser spécifiquement un isotope radioactif aux tumeurs grâce à un vecteur spécifique. Dans le cas du mélanome, le vecteur utilisé pour la RIV peut être un anticorps ciblant des antigènes de surface ou la mélanine, des analogues peptidiques capables de se fixer sur des récepteurs tumoraux (comme le récepteur à la melanocyte-stimulating hormone) ou des petites molécules se liant à la mélanine (dérivées des benzamides). Ainsi, notre équipe travaille sur cette dernière stratégie depuis 15 avec la molécule phare [ 131 I]ICF01012. De nombreuses études précliniques ont permis un essai clinique de phase I, MELRIV1, qui est ouvert depuis juillet 2019 (NCT03784625). En parallèle de cet essai,nous avons poursuivi la caractérisation préclinique des effets d’[ 131 I]ICF01012 en monothérapie et en association avec les traitements actuels du mélanome, dans la perspective d’essais cliniques de phase II.Ce travail est divisé en deux axes :1) étudier les effets de la RIV par [ 131 I]ICF01012 sur les principaux mécanismes impliqués dans la progression du mélanome : la dissémination métastatique et la pseudo-transition épithélio-mésenchymateuse, l’activation de la voie des MAPK et l’échappement à la réponse immunitaire antitumorale ;2) évaluer des combinaisons d’[ 131 I]ICF01012 avec les traitements actuels du mélanome métastatique : thérapies ciblant la voie des MAPK et inhibiteurs de checkpoints immunitaires.Pour le premier axe, grâce à un modèle de sphéroïdes, nous avons montré que la RIVpar [ 131 I]ICF01012 modifiait l’expression de gènes et de protéines impliquées dans la pTEM et pouvait donc permettre de limiter la dissémination métastatique. Ces modifications s’accompagnaient également d’une différentiation des cellules de mélanome, associée à l’induction d’une pigmentation. Nous avons également mis en évidence, dans les sphéroïdes BRAF et NRAS mutés, une activation de la voie des MAPK dans les suites de la RIV, qui peut traduire l’installation d’une radiorésistance. L’association de la RIV aux inhibiteurs de MEK dans le modèle de sphéroïdes a démontré la possibilité d’utiliser ces molécules pour radiosensibiliser les cellules de mélanome présentant une activation constitutionnelle de la voie des MAPK avec une augmentation majeure de l’apoptose. Nous avons également montré l’impact d’[ 131 I]ICF01012 sur la dissémination métastatique par voie hématogène, notamment, par ciblage des cellules circulantes, et par voie lymphatique, par diminution du nombre de métastases ganglionnaires. Nous avons également montré in vitro et in vivo la très grande radiosensibilité de la lignée NRAS 1007, qui présente une mutation Q61K du gène NRAS.Pour la deuxième partie, le modèle murin syngénique B16F10 a permis de montrer que les effets immunitaires de la RIV s’appuient sur le déclenchement d’une mort immunogénique,permettant la mise en place d’une réponse immunitaire adaptative et le recrutement de cellules T cytotoxiques au sein de la tumeur. Cependant, la mise en place de cette réponse s’accompagnait aussi du recrutement de lymphocytes T régulateurs, qui peuvent contribuer à l’échappement de la tumeur à la réponse immunitaire. L’association de la RIV aux inhibiteurs de checkpoints immunitaires a permis de montrer que la mise en place de la tolérance immunologique était un phénomène majeur induit [ 131 I]ICF01012 alors que l’épuisement des cellules T semblait plus anecdotique. De plus, nous avons montré dans notre modèle, que la réduction de la tolérance immunologique par un anticorps anti-CTLA-4 conduisait à un accroissement de l’épuisement des cellules T. Nous avons également obtenu des résultats très prometteurs en termes de survie, notamment pour l’association de la RIV avec un anticorps anti-CTLA-4, qui conduisait à un allongement significatif de la survie par rapport aux monothérapies,sans augmentation de la toxicité. (...)