La mesure de l'être : Heidegger et le problème de la paix
Auteur / Autrice : | Vincent Blanchet |
Direction : | Emmanuel Cattin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 13/04/2019 |
Etablissement(s) : | Université Clermont Auvergne (2017-2020) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale des lettres, sciences humaines et sociales (Clermont-Ferrand) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Laboratoire Philosophies et Rationalités (Clermont-Ferrand) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Vincent Gérard, Didier Franck |
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Büttgen, Dominique Pradelle |
Mots clés
Résumé
« La paix repose dans la mesure ». Cette énigmatique annotation, consignée par Heidegger au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, éclaire son œuvre d’une lumière singulière. Quelle « paix » s’agit-il encore d’atteindre une fois rétabli l’ordre du monde et l’entente entre les nations ? Et de quelle « mesure » faudrait-il l’attendre, qui ne soit simplement morale, politique ou technique ? Révélant l’inquiétude qui traverse l’ensemble du projet philosophique de Heidegger, ces interrogations sont parmi les plus urgentes et les plus redoutables qu’il nous laisse. Elles ne trouvent de réponse qu’à la condition de les reconduire au cœur de son unique question, celle de l’être, de sa vérité et de son avènement (Ereignis). Que l’être comme mesure dernière donne aux hommes et aux choses la dimension qui les rassemble et les apaise, tel est ce que ce travail cherche à montrer. Reconnaître dans l’œuvre heideggérienne une méditation de la paix ne va cependant pas de soi. Pareille tâche implique au contraire de reconstruire patiemment la lente conquête par Heidegger de son lieu et de sa langue propres, et de rendre compte du passage de sa « polémologie » des années 1930, à la fois tragique et héraclitéenne, à son attention plus tardive à la sérénité (Gelassenheit), à la paix (Friede) et au calme silencieux (Stille). La paix constitue ainsi, pour la pensée heideggérienne, un problème qui ne peut être affronté sans prendre en vue l’ensemble du parcours philosophique qui suit ce qu’il est convenu de nommer son « tournant ». Eclaircir le problème de la paix à la mesure de l’être et comprendre en quoi l’agir, le dire et le penser qui lui correspondent trouvent et apportent une paix dont la morale, la politique, et la maîtrise technique ignorent tout et à laquelle elles font en vérité obstacle, c’est enfin suivre la sourde explication de Heidegger avec la source juive et chrétienne de notre histoire. D’elle provient en effet à ses yeux ces consolations et contrefaçons de la paix qui masquent à l’Occident son péril et lui dérobent son salut.