Les syntagmes nominaux polydéfinis en romani d'Albanie.
Auteur / Autrice : | Aurore Tirard |
Direction : | Friederike Spitzl-Dupic, Hana Gruet-Skrabalova |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences du langage - linguistique |
Date : | Soutenance le 12/12/2019 |
Etablissement(s) : | Université Clermont Auvergne (2017-2020) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale des lettres, sciences humaines et sociales (Clermont-Ferrand) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Laboratoire de recherche sur le langage (Clermont-Ferrand) |
Laboratoire : Laboratoire de recherche sur le langage (Clermont-Ferrand) | |
Jury : | Président / Présidente : Gerda Hassler |
Examinateurs / Examinatrices : Виктор А. Фридман, Benjamin Fagard, Patricia Cabredo Hoffherr |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Cette thèse porte sur les syntagmes nominaux comportant un adjectif épithète articulé en romani d’Albanie. Ce phénomène consiste en l’ajout d’un article défini « adjectival » au sein du syntagme nominal et rappelle le polydefinite NP ou determiner spreading grec. Nous montrons qu’il correspond à la détermination multiple de type pattern syntaxique, selon la typologie d’Alexiadou (2014), et au type 1 des langues selon celle de Lekakou et Szendrői (2012). Cette structure remonte probablement au vieux romani, ce qui implique que toutes les variétés actuelles l’aient un jour connue. Elle provient du contact avec le grec par convergence de type pattern replication (Matras 2009). Pour étudier les syntagmes polydéfinis, nous avons réalisé deux missions de terrain à Korçë en 2013 et 2014, afin d’y recueillir un corpus à la fois spontané et semi-spontané, et de combiner analyse qualitative et quantitative. Ils s’emploient surtout avec des adjectifs prédicatifs, restrictifs et intersectifs, informationnellement nouveaux et placés après le nom. Le déterminant « nominal » est l’article défini, le possessif ou le démonstratif ; le déterminant « adjectival » est l’article défini qui joue un rôle d’opérateur de focalisation. Nos résultats montrent que les syntagmes polydéfinis font l’objet de « contraintes préférentielles » (Thuilier 2012). La partie adjectivale des syntagmes polydéfinis est un cas de « modification indirecte » (Cinque 2010) et l’emplacement post-nominal est une « post-zone » (Nølke 2001). Parce qu’il est le lieu du focus interne, il a plusieurs fonctions : identification restrictive du référent, contraste, emphase, récapitulation, topic-shift, création de surnoms et « romanisation » des expressions empruntées. Les syntagmes polydéfinis et la place de l’adjectif sont sujets à variation dialectale, diachronique, diagénique et diaphasique en romani d’Albanie. Nous avons constaté qu’un changement de l’ordre des constituants nominaux s’est produit ou est en cours. L'ordre des mots hérité est DEF A N tandis que celui innovant est DEF N A. Les syntagmes polydéfinis DEF N DEF A ont servi d’intermédiaire d’un ordre à l’autre, puisqu’il s’agit d’une structure ancienne mais à adjectif postposé. À l’échelle du romani albanais, on peut dire que la postposition de l’adjectif est devenue majoritaire en tous syntagmes nominaux.