Le syndicalisme dans tous ses états : d'un syndicalisme solide vers un syndicalisme liquide. Trois études de cas en Amérique du Nord
Auteur / Autrice : | Vincent Pasquier |
Direction : | Bertrand Valiorgue, Thibault Daudigeos |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Gestion |
Date : | Soutenance le 01/02/2019 |
Etablissement(s) : | Université Clermont Auvergne (2017-2020) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale des sciences économiques, juridiques, politiques et de gestion (Clermont-Ferrand) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Clermont Recherche Management |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Géraldine Schmidt, François Pichault |
Rapporteurs / Rapporteuses : Florence Palpacuer, François-Xavier de Vaujany |
Mots clés
Résumé
Ma thèse questionne la manière dont les syndicats peuvent se renouveler en passant du modèle actuel de syndicalisme « solide » (peu digitalisé, bureaucratique, prévisible, formalisé et inscrit dans le temps long) vers un modèle davantage « liquide » (fortement digitalisé, en réseau, improvisé, flexible et davantage éphémère). Ce travail doctoral est construit autour de trois articles et se nourrit de trois terrains d’enquête. Parmi ces trois cas, le premier est considéré comme un échec et les deux autres comme des réussites. Le premier article de ma thèse analyse les raisons de l’échec d’un syndicat québécois dans sa tentative de fluidifier son modèle démocratique via l’utilisation d’un groupe Facebook. Il décrit plus précisément comment l’introduction de média sociaux peut donner naissance à des monstres - en l’espèce à des trolls – qui viennent parasiter le fonctionnement démocratique de l’organisation, au point de générer chez les dirigeants syndicaux un sentiment de perte totale de contrôle, d’écœurement et de rejet des « autres ». Le deuxième article de ma thèse décrypte l’organisation originale du mouvement syndical à succès Fight for 15. En s’inspirant des travaux de Bennett et Segerberg (2012) sur les mouvements sociaux hautement connectés, il suggère que Fight for 15 donne naissance à une forme d’action syndicale hybride, à la croisée des logiques d’action traditionnelles solides et des nouveaux modes d’action hautement liquides. Nous proposons d’appeler ‘syndicalisme flashmob’ cette logique d’action syndicale inédite, en référence au nouveau genre de performances artistiques pratiquées dans l’espace public dont la réalisation est en apparence spontanée. Le troisième article de ma thèse compare les facteurs clefs de succès de Fight for 15 et OUR Walmart - les deux mouvements syndicaux les plus innovants et les plus influents aux Etats-Unis lors de ces trois dernières décennies. Nous défendons l’idée que le succès de ces deux mouvements tient au changement de paradigme qu’ils ont opéré, en passant d’une logique « solide » d’organizing à une logique « semi-liquide » de networking. Au final, en se basant sur deux cas de transformations réussies et un cas d’échec, ces trois terrains d’enquête permettent d’identifier des conditions qui mènent à la fluidification du syndicalisme ou au contraire accélèrent son érosion. D’un point de vue méthodologique, cette thèse identifie également comment les données issues des réseaux sociaux peuvent enrichir le champ des relations industrielles.