Apport des techniques d'imagerie dans l'identification et la caractérisation des pratiques de modifications artificielles du crâne dans les populations du Centre-Ouest de la Mésoamérique
Auteur / Autrice : | Sélim Natahi |
Direction : | Priscilla Bayle, Grégory Pereira |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie biologique |
Date : | Soutenance le 19/12/2019 |
Etablissement(s) : | Bordeaux |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences et Environnements (Talence, Gironde ; 1999-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : De la Préhistoire à l'Actuel : Culture, Environnement et Anthropologie (Talence) |
Jury : | Président / Présidente : Bruno Maureille |
Examinateurs / Examinatrices : Priscilla Bayle, Grégory Pereira, Vera Tiesler Blos, José Braga, Philipp Mitteröcker, Aline Thomas | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Vera Tiesler Blos, José Braga |
Mots clés
Résumé
Les modifications artificielles du crâne désignent les pratiques par lesquelles un(e) praticien(ne) modifie le crâne d’un nourrisson à la naissance par massage ou apposition d’un appareil céphalique indépendant ou associé à un berceau. Ces pratiques avaient pour but d’intervenir sur la forme physiologique d’un crâne afin de le transformer et le modeler selon une convenance. L’importance de la diversité des formes témoigne directement des différences de techniques employées au cours de ce processus culturel. En Mésoamérique, ces techniques montrent une diversité de formes particulièrement importante, interprétable à la lumière de la mosaïque de cultures qui y foisonnèrent. Au sein de cette aire culturelle, le Centre-Ouest mésoaméricain ne fait pas exception et montre également nombre d’occurrences attestant leur emploi. Certains indices laissent présager que leur expression pouvait être sous-tendue par la volonté d’apposer l’identité culturelle d’un groupe à l’individu qui en serait le porteur. Puisque transcrivant vraisemblablement cette appartenance, leur identification et leur caractérisation constituent un enjeu de taille dans le contexte de l’archéologie de la région, mais aussi à plus large échelle (i.e., celle des Amériques). Toutefois, au cours de la période postclassique (900 – 1500 apr. J.-C.) et en lien probable avec un phénomène migratoire d’importance, de nouveaux types de pratiques semblent voir le jour et se caractérisent par des formes plus discrètes, difficilement discernables de la variation physiologique « naturelle ». Les doutes quant à la réalité de l’existence de ces formes traduisent les limites dont peuvent souffrir les méthodes traditionnelles d’identification et de différentiation des pratiques de modifications artificielles crâniennes. Le recours à des méthodes de morphométrie tridimensionnelle, employées sur des données obtenues par scanner de surface et tomodensitométrie, offre la possibilité de palier certai nes limites inhérentes aux systèmes de classification morphoscopiques traditionnellement utilisés. En combinant des méthodes d’analyse de la forme du crâne, de la distribution d’épaisseur de la voûte et de la covariation de ces paramètres par morphométrie géométrique, nous avons pu confirmer l’existence de formes de modifications a minima à la période postclassique, et mettre en évidence leur nature variée. L’obtention de ces formes répond certainement à d’autres intentions que celle d’apposer une identité visuelle sur le crâne d’un individu. Par ailleurs, la quantification fine des différences chez des individus appartenant non seulement à la période postclassique, mais aussi aux périodes préclassiques (600 av. J.-C. – 300 apr. J.-C.) et classiques/épiclassiques (300 – 900 apr. J.-C.), a permis de mesurer la variabilité de ces formes, dont les différences de degrés de standardisation peuvent traduire la diversité des techniques utilisées pour leur obtention ; techniques qui avaient pourtant été considérées comme homogènes sur la base des systèmes traditionnels de classification. Enfin, ce travail ouvre la voie à une approche intégrée combinant analyses morphoscopiques et morphométriques afin de faciliter la reconnaissance et la différenciation de ces pratiques répandues dans de nombreuses populations, et ce y compris pour des crânes dont l’intégrité osseuse a été altérée taphonomiquement.