Thèse soutenue

Evaluations sylvicole et environnementale d’un itinéraire forestier incluant la culture d’un sous-bois fixateur d’azote : Expérimentations in situ de longue durée dans les Landes de Gascogne

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Auteur / Autrice : David Vidal
Direction : Laurent AugustoJean-Christophe DomecMark BakkerPierre Trichet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biogéochimie et écosystèmes
Date : Soutenance le 21/11/2019
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences et Environnements (Talence, Gironde ; 1999-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Interactions sol plante atmosphère (INRA Bordeaux-Aquitaine)
Jury : Président / Présidente : Didier Alard
Examinateurs / Examinatrices : Laurent Augusto, Jean-Christophe Domec, Mark Bakker, Pierre Trichet, Didier Alard, Philippe Balandier, Jean-Paul Laclau, Stéphane Ponton, Elisabeth Graf Pannatier
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Balandier, Jean-Paul Laclau

Résumé

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L’extraction croissante de la biomasse des forêts cultivées peut impacter la fertilité des sols, par des exports soutenus de nutriments. Parmi eux, l’azote est l’un des éléments qui limitent le plus la croissance des forêts dans le monde. La disponibilité en azote joue donc un rôle clé dans le maintien ou l’augmentation de la productivité sylvicole, et fait ainsi apparaître la fertilisation comme une pratique potentiellement utile. Pour se prémunir des effets néfastes de la fertilisation chimique sur l’environnement, il est un usage alternatif issu de l’agroécologie, qui consiste à intégrer des espèces fixatrices d’azote dans les cultures. Cette solution écologique a été éprouvée avec de nombreux succès en peuplements mixtes forestiers combinant des arbres fixateurs et non-fixateurs. Cependant, l’usage d’un sous-bois fixateur au sein d’un peuplement forestier relève encore aujourd’hui de l’innovation technique et reste ainsi largement à étudier. L’objectif général de la thèse était d’enrichir nos onnaissances sur le fonctionnement d’un écosystème forestier intensivement géré en milieu oligotrophe qui inclue l’utilisation d’un sous-bois fixateur d’azote. Nous nous sommes pour cela concentrés sur l’étude des interactions biotiques et des cycles biogéochimiques des nutriments dans une jeune culture de pins maritimes (essence de production) en forêt des Landes de Gascogne, dont le sous-bois a été cultivé en ajoncs d’Europe (plante fixatrice). Nous nous sommes parallèlement appliqué à déterminer si localement la culture du sous-bois pouvait maintenir, voire augmenter la production forestière. Des essais forestiers, correspondant à différents stades d’avancement de l’itinéraire sylvicole testé, ont été conduits en plein champ avec des itinéraires conventionnels. Dans un premier temps, la culture du sous-bois de légumineuses augmente la compétition pour la lumière et l’eau sur les arbres. Avant l’âge de 3–4 ans, la compétition pour la lumière conduit les pins à une allocation préférentielle de la croissance pour la hauteur de tige, aux dépends de la croissance en diamètre. Avant 4–5 ans, la compétition pour la ressource en eau augmente la mortalité des pins, et diminue leur potentiel hydrique et leur conductance stomatique lors des épisodes de sécheresses estivales. Cependant, la nutrition en azote des pins est améliorée et aucune compétition pour les nutriments, tel que le phosphore, n’est visible. Suite au broyage du sous-bois, intervenant aux alentours de 5–6 ans, les pins compensent la perte de production sur 2 ans, grâce à la levée de la compétition interspécifique et à une fertilisation continue en azote, soutenue par la minéralisation du broyat d’ajonc. Plus généralement, la conduite de l’itinéraire sylvicole améliore la fertilité en azote et le stockage en carbone du sol, et aucune pollution en nitrate n’est à déplorer. La poursuite des études en cours sera nécessaire pour mettre en évidence un éventuel gain de production sylvicole à plus long terme. Localement, nous recommanderions aux gestionnaires forestiers, dans le cas où l’ajonc serait présent en quantité importante, de retarder de quelques années le premier broyage du sous-bois. Des essais dans des écosystèmes comparables pourraient ouvrir de nouvelles possibilités d’application vers d’autres régions forestières et permettre la poursuite des recherches sur le fonctionnement écologique des associations sylvicoles avec des sous-bois fixateurs d’azote.