Thèse soutenue

L'appartenance et ses enjeux dans la fiction de Joseph Conrad
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Auteur / Autrice : Rémy Arab-Fuentes
Direction : Nathalie Jaëck
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études anglophones
Date : Soutenance le 02/12/2019
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Cultures et Littératures des Mondes Anglophones (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Josiane Paccaud-Huguet
Examinateurs / Examinatrices : Nathalie Jaëck, Riccardo Ambrosini, Linda Dryden
Rapporteurs / Rapporteuses : Catherine Delesalle-Nancey, Riccardo Ambrosini

Résumé

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Notre étude de l’appartenance passe par l’étude de différentes formes de communautés, leur genèse, les principes et les modèles sur lesquelles elles sont construites. Si la communauté de parole ou la communauté organique (Gemeinschaft) apparaissent rapidement comme des idéaux communautaires auxquels de nombreux personnages aspirent, ces formes d’appartenance se désagrègent souvent sous la pression d’une autre forme d’appartenance de fait, incarnée par la société moderne mercantile (Gesellschaft). La crise de l’appartenance s’exprime à travers des ressorts narratifs récurrents comme la trahison ou l’exil, et interroge de manière plus large la pertinence des changements au sein des collectifs, qu’il s’agisse d’insurrection à bord des navires ou de révolution sur la terre ferme. Dans la fiction de Conrad, l’expression de l’appartenance se cristallise autour de deux figures de style : la synecdoque et la métonymie. Ces figures permettent un double mouvement crucial à l’esthétique conradienne : d’abord de mettre en lumière une partie en rappelant son appartenance à un ensemble et ainsi de perpétuellement considérer leur objet en contexte, pour ce qu’il est mais également pour ce qu’il représente ; puis, dans un second temps, par le biais de cette première mise en lumière rappeler l’existence d’un reste qui n’est pas mentionné, mais dont l’ensemble est tout de même constitué, qui n’est jamais cité directement mais seulement indirectement convoqué, en ellipse, pour rappeler son appartenance à l’ensemble duquel la partie mise en lumière par la figure est tirée. Ces figures permettent d’articuler la présence et l’absence et complexifier les modalités d’appartenance. C’est la figure du spectre qui vient hanter la prose de Conrad et incarner ce paradoxe. A la fois mort et vivant, le spectre n’est finalement ni l’un, ni l’autre. Figure de l’altérité et du même, le spectre renvoie toute communauté à ce qui lui appartient mais également à ce qui ne lui appartient pas, cristallise les enjeux de l’appartenance de manière à évacuer l’idée d’appartenance exclusive et lui substituer l’idée d’« entretien », de compagnonnage avec les spectres. De cette forme d’appartenance émerge l’injonction forte d’une solidarité réciproque telle qu’elle est souvent exprimée dans l’œuvre de Conrad.