Thèse soutenue

La dimension spatiale de la violence conjugale

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Auteur / Autrice : Evangelina San Martin
Direction : Yves Raibaud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Aménagement de l'espace et urbanisme
Date : Soutenance le 16/10/2019
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Passages (Pessac, Gironde ; Pau ; Talence, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Guy Di Méo
Examinateurs / Examinatrices : Yves Raibaud, Sophie Louargant, Marion Paoletti, Marylène Lieber
Rapporteurs / Rapporteuses : Sophie Louargant, Marion Paoletti

Mots clés

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Résumé

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En adoptant un regard « méso » centré sur les rapports sociaux au sein des espaces publics, la géographie du genre montre que les actes sexistes qui y ont lieu à l’encontre des femmes fonctionnent comme une régulation spatiale. Tout en s’inscrivant dans ce courant de la géographie, cette thèse adopte un regard « micro » centré sur les rapports conjugaux. Elle s’intéresse aux effets de pouvoir provoqués par la violence conjugale sur les manières d’habiter les espaces par les partenaires féminines. En prenant appui sur l’épistémologie du « standpoint » et sur une démarche ethnographique, nous avons construit un dispositif de recherche. Celui-ci a permis la constitution d’un matériau composé par des observations participantes effectuées au sein d’une association spécialisée dans l’accueil et l’accompagnement de femmes victimes de violence, des entretiens semi-directifs, des groupes de parole, des ateliers de cartographie auprès de femmes ayant vécu la violence conjugale et des entretiens auprès de professionnel·les. L’analyse de ce matériau nous montre que la violence conjugale circule et inscrit, dans l’ensemble des espaces, la logique de la domesticité selon laquelle les partenaires féminines seraient assignées à la sphère domestique et cantonnées à un rôle traditionnel. De plus, cette violence réduit les lieux susceptibles d’être fréquentés, ce qui diminue les possibilités de s’engager dans le jeu social et, en conséquence, participe d’une perte des habiletés spatiales et d’une déprise spatiale des partenaires féminines. Il se produit ainsi un appauvrissement de la mixité au bénéfice de la masculinisation des espaces privés et publics et d’une féminisation des espaces domestiques. Au-delà des politiques publiques existantes en matière de lutte contre la violence conjugale et de l’accompagnement social effectué pour soutenir la reprise spatiale des femmes après la séparation, cette thèse interroge la manière dont l’aménagement des espaces peut contribuer à prévenir et à lutter contre ce phénomène. Elle souligne la pertinence de tisser des continuités spatiales entre la sphère privée et la sphère publique, et de minimiser les ruptures afin de favoriser la coprésence et l’interconnaissance entre les habitant·es et prévenir l’isolement social. Par ailleurs, la planification des espaces partagés à l’échelle du voisinage vient en appui d’une diversification des espaces fréquentés et d’un investissement des modalités de gouvernance collective à l’échelle proche du domicile. L’articulation de ces aspects participe d’une déspécialisation des rôles de genre et encourage une citoyenneté spatiale, condition nécessaire pour prévenir les violences faites aux femmes en général, et conjugales en particulier.