Un usage particulier de la psychanalyse : André Breton, penseur de Freud
Auteur / Autrice : | Philippe Belardi |
Direction : | Carole Talon-Hugon |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 16/11/2019 |
Etablissement(s) : | Université Côte d'Azur (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, humanités, arts et lettres (Nice ; 2016-....) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation : Université de Nice (1965-2019) |
Laboratoire : Centre de recherche en histoire des idées (Nice ; 1983-...) - Centre de recherche en histoire des idées / CRHI | |
Jury : | Président / Présidente : Sylvie Ballestra-Puech |
Examinateurs / Examinatrices : Sylvie Ballestra-Puech, Jean-Michel Devésa, Alexandre Gefen | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Michel Devésa, Alexandre Gefen |
Mots clés
Résumé
Quelle connaissance Breton a-t-il pu avoir de la psychanalyse pour considérer Freud comme la « muse du surréalisme » ? Sur quel éléments ce mouvement artistique et révolutionnaire dont il fut le fondateur, s’est-il appuyé pour prétendre constituer une méthode d’exploration de l’inconscient complémentaire voire supérieure à cette nouvelle discipline scientifique, la psychoanalyse, née dans le premier tiers du 20ème siècle ? Car il est question ici de la place et du statut que peut endosser l’artiste au regard du scientifique, dans une démarche qui lui a été trop longtemps refusée : la possibilité d’enquêter sur la nature et le fonctionnement du psychisme humain et d’apporter parallèlement à cette recherche, des réponses aux questions existentielles. Là réside l’essentiel du projet et de la volonté du surréalisme : redonner à l’imagination et à la poésie, la place que la raison leur a dérobée de manière illégitime.Si Freud semble reconnaître aux artistes certaines qualités précieuses dont doit s’inspirer le chercheur en psychologie et si le rêve ainsi que l’imagination semblent représenter une place prépondérante dans l’activité psychique du sujet (deux faits majeurs qui auront séduit le jeune André Breton), psychiatre viennois restera en définitive fidèle et conforme à la pensée rationaliste et positiviste dominante de son siècle. La raison doit pouvoir triompher du rêve, de l’imaginaire et du fantasme pour constituer une réalité identique et accessible à tous, selon le principe d’universalité. Dans cette perspective, rien ne laisse vraiment de la place à un dialogue, et encore moins à une entente entre les deux hommes, ce qui ne découragera pas le poète surréaliste dans son désir impétueux et sa volonté, d’établir un pont entre l’imaginaire et la réalité par l’investigation de ce que Freud appela : l’inconscient. Or, pour comprendre les points de convergence et de divergences entre la pensée freudienne et bretonienne, et appréhender de cette manière toute la richesse et la profondeur de la théorie surréaliste, il est utile de mettre au jour d’autres influences qui ont pesé sur Breton au point d’agir sur sa perception et sa compréhension de la psychanalyse. C’est à partir de ces influences, comme l’associationnisme tainien empreint du sensualisme condillacien, ou bien encore le symbolisme et la mythologie nervalienne, qu’une notion fondamentale est convoquée par le surréalisme, pour devenir en filigrane la trame souterraine de sa pensée : le désir. C’est à partir du concept de désir qui puise sa source dans la mythologie grecque et la figure du dieu Eros, que l’écart entre le surréalisme et la psychanalyse peut se mesurer le mieux ou tout au moins donner la mesure d’une certaine philosophie du désir à laquelle le freudisme et le surréalisme se réclament. C’est par conséquent sur ce point conceptuel, le désir, que ces deux disciplines, artistique et scientifique, vont pouvoir témoigner de leur distance quelquefois infime, parfois abyssale, qui sépare l’artiste du scientifique dans la manière de le définir (ethos), de le vivre (pathos) et de l’exprimer (logos).