Thèse soutenue

La mise en fiction de la Shoah dans la Danse de Gengis Cohn de Romain GARY, Inglourious Basterds de Quentin TARANTINO et The Passenger de Mieczyslaw WEINBERG
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Auteur / Autrice : Esther Grimalt
Direction : Christian PetrBernard Urbani
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littératures comparées
Date : Soutenance le 12/06/2019
Etablissement(s) : Avignon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 537 « Culture et patrimoine » (Avignon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Identité Culturelle, Textes et Théâtralité (EA 4277) (Avignon)
Jury : Président / Présidente : Karl Zieger
Examinateurs / Examinatrices : Karl Zieger, Thierry Ozwald, Aurélie Barjonet, Sophie Nezri-Dufour
Rapporteurs / Rapporteuses : Karl Zieger, Thierry Ozwald

Résumé

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« Seuls ceux qui ont connu Auschwitz savent ce que c’était. Les autres ne le sauront jamais. » Cette vérité proclamée par Élie Wiesel résume à elleseule l’impossibilité de se représenter ce qu’ont enduré les victimes du nazisme, qu’elles soient juives, tziganes, homosexuelles ou opposantespolitiques. En effet si l’on ne peut se représenter leurs tribulations comment pouvons-nous imaginer les représenter ? Cette question fut celle quiprésida à l’émergence du concept d’irreprésentabilité, défendu notamment par Claude Lanzmann, concept qui devint tôt une injonction qui condamnaittoute entreprise de mise en fiction de la Shoah. Cependant, malgré les interdits ou peut-être en raison de ces interdits, les artistes, Prométhées des tempsmodernes, transgressifs et libres par essence se sont emparés de ce sujet qui est devenu incontournable. Pas une année ne passe sans qu’une oeuvreayant pour thème la Shoah ne voie le jour. Toutes ne sont pas dignes d’intérêt, certaines se servent même de l’engouement du public pour la période dela Seconde Guerre mondiale afin de donner de la profondeur à leur oeuvre qui en manque cruellement. Mais certaines apportent un éclairage nouveau,instillent une pensée originale et édifiante en évitant la pierre d’achoppement que constitue l’indécence, c’est le cas des oeuvres que nous avons choisid’étudier. Comme le dit Yosef Yerushalmi : « L’Holocauste a déjà suscité plus de recherches historiques que tout autre événement de l’histoire juive,mais je ne doute pas que l’image qui s’en dégage, loin d’être forgée sur l’enclume de l’historien, soit fondue dans le creuset du romancier ». C’est cecreuset que nous souhaitons explorer à travers notre analyse comparée de La Danse de Gengis Cohn de Romain Gary, d’Inglourious basterds deQuentin Tarantino et de The Passsenger de Mieczyslaw Weinberg. Cette étude a pour ambition de mettre en lumière le glissement progressif du réelvers la fiction que les artistes mettent en place dans leurs oeuvres et de l'analyser afin d’en révéler les enjeux. Puis de relever les artifices fictionnelsutilisés par les artistes comme des révélateurs et de souligner leurs apports au thème de la Shoah, et enfin de contempler la toute-puissance de l’art qui,le temps de son avènement, acquiert une liberté absolue, pouvoir tel qu’il lui permet de faire émerger des personnages d’outre-tombe, d’assignersymboliquement à comparaître ceux qui s’en sont tirés à bon compte et finalement de mettre à mort Hitler et tout ce qu’il représente, le temps de lafiction. Si ces entreprises audacieuses sont jubilatoires, elles ne sont pas moins révélatrices. En effet, elles soulignent, en négatif, notre impuissanceface à l’horreur du réel . Car comme le dit Laurent Binet dans HhhH : L’Histoire est la seule véritable fatalité : « on peut la relire dans tous les sens,mais on ne peut pas la réécrire ».