Notre thèse porte sur l'étude du commandement que nous avons confronté à différents champs d'analyse. Une approche anthropologique a permis d'identifier au mieux le caractère et les traits de personnalité des différents acteurs, et de voir de quelle manière ils ont pu influencer leur praxis de la guerre. Une analyse des rapports entre l'autorité politique et militaire a révélé une complexité plus relationnelle qu'institutionnelle et renvoyé à la question de l'obéissance et de la subordination de la première à la seconde. Pour certains généraux la légalité ne conduisait pas automatiquement à exprimer à l'égard de son détenteur un sentiment de légitimité. Une analyse des rapports entre les généraux a montré que cette guerre ne s'est pas jouée exclusivement sur les champs de bataille, mais aussi en dehors. On assista dans les deux camps à des occurrences conspirationnistes menées par des généraux qui souhaitaient la destitution de leur supérieur. Le volume des dissensions, des rivalités, des jalousies qui ont traversé les commandements ont donné le sentiment que se déroula en leur sein une véritable guerre intestine. Ce phénomène fut aggravé au cours des premiers mois du conflit par un système de nomination qui privilégiait les amitiés et les considérations politiques aux compétences intrinsèques. Le style de commandement opérationnel a varié en fonction d'éléments exogènes. Les principaux d'entre eux sont ce que Clausewitz a appelé les phénomènes de "friction" et de "brouillard", puissants facteurs d'incertitude et éléments consubstantiels et irréductibles de la guerre