Entre marchands et brigands : une ethnohistoire des maîtres-escortes en Chine du Nord (XVIIIe - début XXe siècles) : du corps social aux savoirs du corps
Auteur / Autrice : | Laurent Chircop-Reyes |
Direction : | Jean-Marc de Grave, Pierre Kaser |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie |
Date : | Soutenance le 09/12/2019 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale Espaces, Cultures, Sociétés (Aix-en-Provence) |
Partenaire(s) de recherche : | : Institut de recherches asiatiques (Marseille) |
Jury : | Président / Présidente : Zhe Ji |
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Kaser, François Gipouloux, Sébastien Galliot, Paola Calanca | |
Rapporteur / Rapporteuse : Vincent Durand-Dastès, François Gipouloux |
Résumé
Cette thèse porte sur l’émergence et le déclin des escorteurs de marchands, ainsi que sur l’évolution de leurs pratiques, de nature martiales, alchimiques et rituelles, en relation avec le monde du négoce en Chine du Nord (XVIIIe-début XXe siècles). Victimes du brigandage sévissant dans les régions steppiques et désertiques, les marchands de la province du Shanxi, Jinshang 晋商, ont sollicité la protection des maîtres de traditions martiales : de cette interaction a émergé une catégorie sociale, les « maîtres-escortes », biaoshi 镖师. Chargés du transport de marchandises (argent, sel, thé), ils s’organisaient au travers de sociétés caravanières, les « compagnies d’escorte », biaoju 镖局, puis ils se sont spécialisés dans le convoi bancaire et le gardiennage de résidences. La description des logiques relationnelles avec les marchands et les brigands propose de comprendre dans quelles mesures ces compagnies ont participé à modifier les techniques et les modes de transmission des pratiques en lien avec la protection des caravanes et des résidences : la tradition xingyiquan 形意拳 (« boxe de la forme et de l’intention »), élément de reconnaissance sociale de lignées importantes dans ce phénomène et toujours transmise aujourd’hui, fait l’objet d’une étude approfondie. La combinaison de la méthode ethnographique (entretiens auprès des descendants contemporains), à celle d’un travail sur archives, ainsi qu’à une analyse de sources textuelles primaires et secondaires, confère à cette étude une profondeur historique et sociale qui doit contribuer à éclairer d’un jour nouveau le rapport entre activités marchandes, brigandage et transmission des savoirs martiaux en Chine impériale tardive.