Pour une anthropologie du rire : les cadres de l'expérience du corps riant dans les villages de la Kagera (Nord-Ouest de la Tanzanie)
Auteur / Autrice : | Inès Pasqueron de Fommervault |
Direction : | Henri Médard, Frédéric Joulian |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie |
Date : | Soutenance le 06/12/2019 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale Espaces, Cultures, Sociétés (Aix-en-Provence) |
Jury : | Président / Présidente : Suzanne de Cheveigné |
Examinateurs / Examinatrices : Frédéric Joulian, Éric Jolly | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Cecilia Pennacini, Michel de Fornel |
Mots clés
Résumé
Le rire fait incontestablement partie des universaux humains : on ne connait pas de société qui ne rit, ni même d’individu incapable de rire. Je ne conteste pas cette idée, mais invite à penser que le rire ne peut se limiter à cette définition universaliste. Cette thèse entend dépasser le débat de l’inné et de l’acquis, en postulant que le rire est universel, mais résulte d’un apprentissage social qui « domestique » son expression. Cette recherche s’est effectuée à partir d’une enquête ethnographique dans les villages de la Kagera en Tanzanie, où le rire avait déjà fait parler de lui. En 1962, une « crise de fou rire » que les habitants ont appelé « la maladie du rire » (omumneepo) s’est répandue dans un internat de jeunes filles dans le village de Kashasha. Ce « fait-divers » constitue le point de départ de cette thèse, qui porte essentiellement sur les pratiques du rire dans ces villages tanzaniens. Pour les habitants de la Kagera le rire est un droit qui s’acquiert et que tout le monde ne possède pas. Certains rires sont inappropriés et il faut savoir les retenir sans quoi ils peuvent devenir irrespectueux et même dangereux, comme l’ont été les rires de ces jeunes filles en 1962. D’autres répondent à une éthique tout autant qu’à une esthétique sociale et relèvent de l’obligation la plus parfaite. Toutefois, et malgré l’institution de ces « cadres-rire », les rieurs riant réinventent constamment de nouvelles manières de rire. Il existe aussi des rieurs marginaux dont le rire transgressif bouleverse les normes et les structures et les remet même en question. Ainsi, si le rire peut être garant de l’ordre social, il a aussi le pouvoir de le renverser.