La Sainteté en filigrane : stratégies d'appropriation laïque du modèle hagiographique dans la prose du XIXe siècle
Auteur / Autrice : | Magalie Myoupo |
Direction : | Paule Petitier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langues et littératures françaises. Histoire et sémiologie du texte et de l'image |
Date : | Soutenance le 01/12/2018 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Langue, littérature, image, civilisations et sciences humaines (domaines francophone et anglophone) (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'étude et de recherche interdisciplinaire de l'UFR LAC (Paris ; 2009-....) |
établissement de préparation : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019) | |
Jury : | Président / Présidente : Éléonore Reverzy |
Examinateurs / Examinatrices : Paule Petitier, Éléonore Reverzy, Jean-Marie Roulin, Olivier Bara, Claude Millet | |
Rapporteur / Rapporteuse : Jean-Marie Roulin, Olivier Bara |
Mots clés
Résumé
Ce travail de recherche prend la forme d’une enquête sur un imaginaire récurrent tout au long du XIXe siècle : celui d’une sainteté laïque. De nombreux textes, romanesques et historiographiques, font affleurer un personnage auquel ils donnent une dimension d’exemplarité particulièrement développée qui n’est pas exempte d’une transcendance réinventée. Si elle vise une finalité qui la dépasse, qu’elle ait pour nom « République », « art » ou « science », l’existence la plus humble peut accéder à une nouvelle forme de sainteté. La sainteté laïque qui réunit a priori deux notions inconciliables hérite de deux phénomènes. Elle relève en partie de la résurgence d’un catholicisme fort liée notamment à la Restauration. Ce mouvement a pour corollaire, dans le monde des lettres, le retour en grâce de la matière chrétienne, dont Génie du christianisme de Chateaubriand, publié en 1802, constitue la première manifestation. D’autre part, sa sécularisation est liée au mouvement de réaction contre l’Église catholique – et notamment la compagnie de Jésus – qui s’amorce dès les années 1840. Du romantisme social au naturalisme, de Michelet en passant par Sand, Sue, Lamartine, les Goncourt, Cladel et Zola, si les historiens et écrivains investissent l’imaginaire hagiographique, ce n’est plus pour célébrer l’Ancien Régime et la permanence de ses valeurs. Les premiers souhaitent diffuser, sous une forme connue, une nouvelle éducation polémique basée sur un principe d’émancipation et non plus d’imitation. Les seconds voient dans les séquences narratives et les motifs de l’hagiographie – particulièrement le martyre et l’ascèse – des occasions de revenir sur la condition économique et sociale du peuple. En un siècle de désenchantement, la resymbolisation moderne des structures narratives et des motifs hagiographiques questionne la nécessité persistante de l’imaginaire religieux pour faire communauté, ou, à l’inverse, pour dire les ruptures irrésorbables entre les classes.