La pensée tragique d'Albert Camus, de Simone Weil et d'Hannah Arendt
Auteur / Autrice : | Pascale Devette |
Direction : | Martine Leibovici, Sophie Bourgault |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences politiques. Philosophie politique |
Date : | Soutenance le 27/11/2018 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité en cotutelle avec Université d'Ottawa |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Economies, espaces, sociétés, civilisations : pensée critique, politique et pratiques sociales (Paris ; 2000-2019) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Laboratoire de changement social et politique (Paris ; 2014-...) |
établissement de préparation : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019) | |
Jury : | Président / Présidente : Stéphane Vibert |
Examinateurs / Examinatrices : Martine Leibovici, Sophie Bourgault, Stéphane Vibert, Frédéric Worms, Gilles Labelle, Guillaume Le Blanc | |
Rapporteur / Rapporteuse : Frédéric Worms, Gilles Labelle |
Mots clés
Résumé
Cette thèse propose une conception du tragique à partir des pensées d’Albert Camus (1913-1960), de Simone Weil (1909-1943) et d’Hannah Arendt (1906-1975). L’objectif n’est pas uniquement de comparer leurs pensées, mais de révéler chez chacun une vision du tragique qui permet, à terme, de peindre les contours d’une pensée tragique. La pensée tragique est pensée de l’existence, de l’humain, du politique, de la médiation par le récit et du travail. Il y a tragique lorsque la personne se dépossède d’une part de souveraineté. Cette destitution est ouverture radicale à soi et au monde, parce qu’elle arrache pour un moment ce que la force a déposé en soi-même. Sur le plan politique, le tragique apparaît lorsqu’il y a pluralité et implique une capacité à argumenter avec les autres, à les regarder et à les écouter. Ce faisant, le tragique intègre une conception non souveraine du « soi » et de la vie à plusieurs, il fait état d’un souci constant pour arrimer la démesure de certaines actions à la mesure d’un monde partagé en commun. Au registre plus individuel, la posture tragique peut se décrire comme capacité à percevoir plus loin que soi. La personne qui a un rapport tragique au monde s’enfonce, pour ainsi dire, dans l’extériorité, au sens où elle remarque la non-souveraineté des autres et d’elle-même sur l’action, où elle se confronte à la nécessité parfois souffrante de la vie. Cette confrontation lui permet de distinguer dans l’extériorité ce qui doit être changé et ce qui relève de la nature des choses. Pour que le tragique du politique s’arrime avec le tragique individuellement vécu, certaines médiations doivent être présentes, notamment la circulation de récits (mettant en scène la non-souveraineté des acteurs politiques et la fragilité du commun), d’une part, et des conditions de travail favorisant la réceptivité de ces récits, d’autre part.