Thèse de doctorat en Sociologie, démographie. Migrations et relations inter-ethniques
Sous la direction de Christian Poiret et de Jules Falquet.
Soutenue le 03-05-2018
à Sorbonne Paris Cité , dans le cadre de École doctorale Economies, espaces, sociétés, civilisations : pensée critique, politique et pratiques sociales (Paris ; 2000-2019) , en partenariat avec Unité de recherche Migrations et Société. UMR 8245 (CNRS). UMR 205 (IRD) (Paris et Nice ; 2014-) (équipe de recherche) et de Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019) (établissement de préparation) .
Le président du jury était Michel Bozon.
Le jury était composé de Christian Poiret, Jules Falquet, Michel Bozon, Patrick Simon, Jocelyne Streiff-Fénart, Michèle Ferrand.
Les rapporteurs étaient Patrick Simon, Jocelyne Streiff-Fénart.
Fondée sur l'ethnographie d'associations parisiennes gays noires et sur des entretiens semi-biographiques auprès de personnes se définissant comme gay noir, cette thèse a pour objet l'articulation du racisme et de l'homophobie en contexte français contemporain. La construction sociale de ces oppressions comme séparées et hiérarchisées alimente un processus global de racisation de l'homophobie qui pose les minorités raciales comme supposément plus homophobes. Les personnes interrogées – tant individuellement que collectivement – ont tendance à être plus préoccupées par l'homophobie que par le racisme et à comprendre leur marginalisation comme l'effet d'une « homophobie noire » exacerbée, faits qui participent à alimenter la racisation de l'homophobie. Pour expliquer la subordination individuelle et collective du racisme a l'homophobie, l'analyse porte dans un premier temps sur la façon dont racisme et homophobie s'articulent et se coconstruisent comme instances de marginalisation dans la vie quotidienne des gays noirs. Elle interroge l'effet de la marginalisation sexuelle sur la marginalisation raciale et inversement en espace majoritaire et au sein des groupes statutaires d'appartenance des gays noirs. Elle porte ensuite sur la construction de soi en tant que gay noir et sur l'émergence et la structuration de mobilisations associatives gays noires. D'un point de vue théorique, cette thèse se situe au sein du paradigme intersectionnel et propose des éléments méthodologiques, analytiques et théoriques visant à rendre opératoire l'intersectionnalité dans une démarche de recherche empiriquement fondée. Elle propose, en outre, des éléments portant sur la distinction analytique entre race et ethnicité et avance des propositions conceptuelles pour appréhender la race en tant que rapport social.
The articulation of racism and homophobia in contemporary France
Based on an ethnography of Parisian black gay organizations and semi-biographic interviews of self-identified black gay individuals, this Ph.D dissertation focuses on the articulation of racism and homophobia in contemporary France. Racism and homophobia are socially constructed as separate and hierarchized, supporting the “racialization of homophobia” (a process that labels racial minorities as particularly homophobic). Interviewees tend to be more preoccupied by homophobia than racism, both individually and collectively, and tend to understand their marginalization as the result of an exacerbated “black homophobia”. These facts fuel the aforementioned racialization of homophobia. To explain this deprioritization of racism vis-à-vis homophobia, this analysis focuses on the articulation and the co-construction of racism and homophobia as marginalization factors in black gay individuals’ daily lives. The effects of sexual marginalization on racial marginalization and vice versa are studied in various contexts (within homosexual spaces, black spaces and majority society). Then, the analysis concentrates on the process of self-construction as a black gay individual and on the emergence and structuring of black gay organizations. On a theoretical level, this intersectional research suggests methodological, analytical and theoretical elements to implement intersectionality in empirically grounded studies. Additionally, it proposes elements to analytically distinguish race and ethnicity and to conceptualize race as a structural power relationship.