Représentation musicale et représentation psychique : applications cliniques
Auteur / Autrice : | Xanthoula Ntakovanou |
Direction : | Sophie de Mijolla-Mellor |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie. Recherches en psychanalyse et psychopatologie |
Date : | Soutenance le 19/01/2018 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Recherches en psychanalyse et psychopathologie (Paris ; 2001-....) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019) |
Laboratoire : Centre de Recherches Psychanalyse, Médecine et Société (Paris ; 2001-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Chantal Lheureux Davidse |
Examinateurs / Examinatrices : Sophie de Mijolla-Mellor, Chantal Lheureux Davidse, Marie-France Castarède, Anne Brun, Édith Lecourt | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Marie-France Castarède, Anne Brun |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Cette thèse traite de la représentation musicale en tant que forme concrète de représentation psychique, tout comme peut l’être le langage verbal ou la représentation par l'image ; nous y interrogeons les particularités de cette forme de représentation dans la pensée humaine. Pourquoi l'homme a-t-il besoin de la représentation musicale ? Quelle est l'origine de la musique et quelles sont les fonctions de la musique dans les sociétés humaines ? Quelles sont les différences entre le code musical et le code verbal ? La première partie constitue une approche inter- et pluri-disciplinaire de ces questions. Dans la deuxième partie, nous étudions les structures élémentaires du discours musical : le rythme, la mélodie et l'harmonie. Nous localisons les racines du rythme musical dans les rythmes corporels et les origines de la mélodie musicale dans la voix préverbale — particulièrement dans la voix maternelle. L'harmonie musicale serait, elle, une application artistique des lois universelles du phénomène acoustique. Dans la troisième partie, nous traitons du code musical en tant que forme de représentation psychique qui encode sens et émotion : nous lui attribuons concrètement la capacité d'encoder, mieux que le langage verbal, non pas l'information purement concrète mais l'affect, les sensations corporelles et la dimension relationnelle de la vie humaine. Nous nommons sonogrammes les proto-représentations musicales, qui seraient analogues aux pictogrammes de Piera Aulagnier, et qui seraient l'encodage sonore précis d'un état affectif ressenti in utero par circulation hormonale, associé à une forme sonore concrète entendue par le fœtus. Nous examinons ensuite comment les sonogrammes donneraient lieu à des formes de représentation psychique musicale plus élaborées, comme les structures musicales de fond (fragments de rythme, mélodie ou harmonie) et, finalement, au code musical achevé. Nous considérons ce dernier comme un reflet du processus de subjectivation de l'individu, encodant d'une façon extrêmement précise le vécu relationnel de l'homme, depuis la phase de symbiose avec la mère à l'aube de sa vie, jusqu'à la phase d'autonomie complète de l'enfant. Nous nous interrogeons sur la relation de la musique avec le rêve, le processus primaire et l'inconscient. Enfin la musique est considérée comme une forme de représentation psychique qui reflète, également, les éventuels aspects pathologiques du psychisme. En quatrième partie est exposé l'investissement libidinal du sujet par la musique : nous recherchons le lien de cette dernière au narcissisme mais aussi à l'amour d'objet. Nous analysons comment s'effectue la sublimation dans le champ artistique et quelles sont les particularités de la sublimation musicale. La sublimation d'Eros mais aussi celle de Thanatos sont analysées au travers d'exemples concrets, dans la réalité de la création musicale. Enfin, dans la partie V, nous recherchons comment la musique comme représentation psychique pourrait s'intégrer dans la pratique clinique psychanalytique. Nous y décrivons notre protocole de Musicodrame Analytique, une méthode d'application concrète de la musique dans la pratique clinique psychanalytique individuelle ou groupale. Dans ce protocole, nous utilisons le code musical en alternance avec le code verbal et celui des images afin d'avoir accès à la pensée de notre patient, à son affect, à sa réalité psychique, puis nous travaillons sur cette réalité à travers la représentation musicale. Nous nous intéressons aussi à la néo-symbolisation qui peut avoir lieu chez le sujet à travers la sensorialité du sonore et qui peut s'encoder ensuite en musique lors du travail thérapeutique à médiation musicale. Les différentes applications du Musicodrame Analytique et ses résultats sont illustrés dans l’exposition de plusieurs cas cliniques.