Anthropologie et esthétique du croire dans l'oeuvre poétique d'Aragon, du Crève-coeur au Fou d’Elsa (1939-1963)
Auteur / Autrice : | Johanne Le Ray |
Direction : | Nathalie Piégay |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langues et littératures françaises. Histoire et sémiologie du texte et de l'image |
Date : | Soutenance le 14/09/2018 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Langue, littérature, image, civilisations et sciences humaines (domaines francophone et anglophone) (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019) |
Laboratoire : Centre d'étude et de recherche interdisciplinaire de l'UFR LAC (Paris ; 2009-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Carine Trévisan |
Examinateurs / Examinatrices : Nathalie Piégay, Carine Trévisan, Jean-Louis Jeannelle, Corinne Grenouillet, Daniel Bougnoux | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Louis Jeannelle, Corinne Grenouillet |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Cette thèse a pour objet le rapport d’Aragon à la croyance à travers l’examen de son oeuvre poétique, du Crève-coeur au Fou d’Elsa. Si l’engagement n’est pas son unique expression, l’amour fonctionnant comme pôle d’attraction complémentaire, le besoin de croire a trouvé dans la rencontre avec le communisme une incarnation à la fois providentielle et problématique, qui met l’oeuvre à l’épreuve. Après avoir analysé la façon dont la « rupture de cadre » due à la guerre permet à Aragon de renouer avec la poésie, vecteur privilégié d’une foi polymorphe qu’elle reflète autant qu’elle l’alimente, on voit le poète prendre pleinement la mesure de son rôle et endosser la posture hugolienne du prophète, assignant à l’écriture une vocation pragmatique très forte tout en faisant fond sur un syncrétisme éblouissant qui mêle constamment références religieuses et enjeux politiques de défense nationale. Cette période effervescente se clôt avec l’entrée dans la Guerre froide, qui se caractérise par une démarche gestionnaire des emblèmes plus spécifiquement communistes et la dégradation du poème en catéchèse, sur fond de dénégation de la crise de la croyance. C’est en affrontant poétiquement cette crise, en faisant place aux étranglements de la voix, que Le Roman inachevé peut la surmonter, livrant un constat lacunaire et ambivalent sur la perte de l’utopie. Le tournant mystique pris par Le Fou d’Elsa permet de figurer par le destin de Grenade la tragédie de l’Histoire et de préserver, au prix de la déréalisation de l’objet aimé, la passion d’un absolu désormais orphelin de toute incarnation politique.