Thèse soutenue

Étude des motivations, des cognitions et des émotions chez les joueurs de jeu de hasard et d'argent

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Auteur / Autrice : Sasha Mathieu
Direction : Isabelle Varescon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 23/11/2018
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cognition, comportements, conduites humaines (Paris ; 1996-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université Paris Descartes (1970-2019)
Laboratoire : Laboratoire de Psychopathologie et Processus de Santé / LPPS - EA 4057
Jury : Président / Présidente : Jean-Louis Nandrino
Examinateurs / Examinatrices : Isabelle Varescon, Jean-Louis Nandrino, Lucia Romo, Didier Acier, Amandine Luquiens, Servane Barrault
Rapporteur / Rapporteuse : Lucia Romo, Didier Acier

Résumé

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Introduction : Si pour la plupart des individus les jeux de hasard et d'argent constituent un loisir et un plaisir, pour d'autres la pratique de ces jeux peut devenir problématique. Actuellement, plusieurs facteurs sont impliqués dans le développement et le maintien de la sévérité de jeu tels que les motivations à jouer, les distorsions cognitives, la régulation émotionnelle, l'anxiété et la dépression. La littérature souligne toutefois l'importance de distinguer les joueurs selon le type de jeux pratiqués (jeux de hasard et de stratégie et/ou jeux de hasard pur). L'objectif était d'étudier les liens entre ces différentes variables, en différenciant notamment les joueurs selon le type de jeux pratiqués. Méthode : Un total de 303 joueurs, dont 291 joueurs masculins (229 joueurs stratégiques et 62 joueurs mixtes jouant aux jeux de hasard et de stratégie et de hasard pur) a été recruté et évalué au niveau des caractéristiques sociodémographiques, des habitudes de jeu, des motivations à jouer, des distorsions cognitives, des stratégies de régulation émotionnelle et de la symptomatologie anxieuse et dépressive. À l'inclusion, tous les participants étaient majeurs, francophones et avaient une pratique de jeu régulière (au moins une fois par semaine). Résultats : Les résultats portent sur 291 participants masculins. La prévalence du jeu à risque et pathologique est respectivement de 17,5% et de 16,2% dans l'échantillon. Si les joueurs mixtes présentent des scores significativement plus élevés de motivation de coping, d'illusion de contrôle, d'anxiété et de dépression que les joueurs stratégiques, ces différences sont imputables à la plus grande sévérité de jeu des joueurs mixtes. En effet, aucune différence ne s'observe lorsque les joueurs stratégiques et mixtes sont comparés en fonction de l'intensité de jeu. Toutefois, dans l'échantillon global les motivations à jouer (coping, financière et amélioration), les distorsions cognitives (attentes liées au jeu, illusion de contrôle, contrôle prédictif et incapacité à arrêter de jouer) et les symptômes anxieux et dépressifs augmentent avec la sévérité de jeu. Un usage similaire de la suppression expressive et de la réévaluation cognitive (stratégies de régulation émotionnelle) apparait entre les joueurs sans problème de jeu, à risque et pathologiques (absence de différence significative entre les joueurs). Bien que la sévérité de jeu soit principalement et positivement liée aux motivations de coping et financière, à l'incapacité à arrêter de jouer ainsi qu'à la symptomatologie anxio-dépressive, la force de ces corrélations est plus élevée chez les joueurs mixtes. Par ailleurs, les motivations (coping et financière) sont fortement impliquées dans le développement des distorsions cognitives, qui à leur tour sont fortement impliquées dans le développement de la sévérité de jeu, et ce tant chez les joueurs stratégiques que mixtes. Cependant la symptomatologie anxio-dépressive semble jouer un plus grand rôle chez les joueurs mixtes puisqu'elle prédit chez ces derniers deux à trois fois plus que chez les joueurs stratégiques la sévérité de jeu, la motivation de coping ainsi que le sentiment d'incapacité à arrêter de jouer. Conclusion : Les résultats indiquent la présence d'une certaine vulnérabilité émotionnelle chez les joueurs mixtes, que les joueurs stratégiques ne semblent pas présenter. Le lien étroit entre la symptomatologie anxio-dépressive et la motivation de coping suggère que les joueurs mixtes ont pu développer une conduite problématique de jeu du fait de la présence d'affects négatifs et de la nécessité d'y échapper. Une évaluation systématique du type de jeux pratiqués, puis des motivations, des croyances et de l'état psychologique pourraient aider les professionnels de santé à identifier les éléments à travailler dans la prise en charge et ainsi d'adapter au mieux les interventions cliniques à chacun des patients.